Mauvaise habitude [Jonessa]

Le jour se levait sur Nohrastillian. Comme tous les matins, depuis un bon moment maintenant, Peter s’était réveillé tôt. C’était comme si le fait d’être ici, en plein cœur d’un conflit qu’il n’avait pas choisit, l’empêchait de dormir. Ce qui était le cas. Mais, depuis qu’il avait parlé à Gordon, un Gorgeône, Peter ne savait plus où il en était. Gordon s’était montré bien perfide, en accroissant le doute existant en lui : rester avec ses amis, se battre avec eux, ou rejoindre les Gorgeônes, dont la philosophie de combat semblait intéresser Peter… Bref, avec tout ça dans la tête, Peter ne dormait plus… Et, ce matin ne faisait pas exception à la régle… Le jeune Tanissâr s’était levé en silence, pour ne pas réveiller Jonessa, qui dormait à poings fermés. Il avait prit une rapide douche, puis engloutit un bref petit déjeuner, avant d’aller dehors. Quelques personnes étaient déjà levé, mais, la plupart des habitants dormaient encore. Les mains dans les poches, Peter errait dans la ville, sans but réel. Aujourd’hui, encore, il allait s’entraîner, afin de maîtriser sa force surhumaine. Mais, avant de subir un long et éprouvant entraînement, Peter choisit d’aller faire un tour. Comme chaque matin, il se réfugia au cimetière de la ville. Certes, c’est un endroit bien lugubre, mais Peter s’y sentait à l’aise… Etrange…

Depuis qu’il était bloqué ici, Peter était devenu de plus en plus sombre. C’est sans doute pour cette raison qu’il se sentait aussi bien, ici. Il franchit le vieux portail du cimetière. Evidement, en cette heure si matinal, personne ne s’y trouvait. Il marcha quelques instants, dans les allées, en observant les tombes qui s’y trouvaient, puis alla s’asseoir, par terre, face à la tombe d’un Horckilliôn qu’il avait connu. Et qui était mort, au combat, depuis 1 mois déjà.

Jonessa était rentrée tard la veille, étant partie rentre visite à Aldegar. Bien sûr, une fois de plus, elle avait passé sous silence son escapade nocture, et elle devait avouer que son pouvoir lui servait bien dans ce genre de cas. Car même si elle était loin de le maîtriser complètement, c’était largement suffisant pour disparaître dans des zones peuplées, et de pouvoir ainsi se déplacer sans devoir rendre des comptes à qui que ce soit. Toujours est-il que pour une fois, elle dormait profondément, et ne s’apperçut qu’en émergeant doucement que Peter n’était plus à ses côtés, alors qu’elle étendait la main à travers le lit. Se redressant, elle fut surprise de voir qu’il ne faisait même pas jour encore, et que l’aube arrivait à peine. Fronçant les sourcils, elle se leva, et s’habilla rapidement, se demandant où son petit ami avait bien pu aller, à cette heure ci. Traversant la ville, la jeune femme n’eut pas à le chercher bien loin, appercevant sa silhouette dans l’enceinte du cimetière. Ce n’était pas la première fois qu’elle le voyait là, mais pour une fois, elle le rejoingnit, marchant silencieusement entre les tombes. Passant outre l’aspect lugubre du lieux, elle s’arrêta à hauteur de Peter, et posa délicatement le bout de ses doigts dans son dos, signalant ainsi sa présence sans le surprendre.

« Hey Pete… »

Regardant le nom sur la tombe, elle n’ajouta rien de plus et s’assit à ses côtés, attendant une réaction de sa part.

L’Horkilliôn qui était désormais mort s’appellait Jordan. Il avait été le premier à se lier d’amitié avec Peter. Il avait même fait tout son possible pour que son clan se lie aux Tanissârs.Il avait aidé Peter à s’entraîner, et a se faire a cette nouvelle vie. Puis, il avait été envoyé en mission. Mission totalement suicidaire, mais bon, il n’avait pas eu le choix. Il avait dû obéir, comme toujours… Et, il n’en était jamais revenu. L’annonce de la mort de Jordan avait été un choc, pour Peter. Il avait perdu le premier ami qu’il s’était fait, à Nohrastilliân. Le premier qui avait crût en lui, et en sa capacité à maîtriser son pouvoir. Ca avait été une sorte de guide, pour Peter. Donc, la perte de Jordan causa un grand vide, chez le jeune homme. C’était la 2ème fois de sa vie qu’il était confronté à la mort d’un proche. La 1ère fois, ça avait été avec la mort de ses parents. Les 2 morts avaient été des morts injustes. Et… Inattendues… C’était sans doute en surmontant la mort de Jordan, que Peter avait réalisé que cette ville, cette guerre, n’étaient pas comme un jeu… A chaque secondes, il risquait de mourir, tout comme ses amis, dans cette fichue guerre… Mourir pour une cause qu’on n’a pas choisit, ça n’est pas vraiment joyeux…

Peter fixait la tombe, les yeux dans le vide. Songeur. Il se posait des tonnes de questions. Mais ne trouvait aucunes réponses, comme toujours… Il fut sortit de ses pensées, lorsqu’il sentit le bout des doigts de Jonessa se poser sur son dos, puis la voix de cette dernière. Il esquissa une grimace. Il avait dû inquiéter la jeune femme, sans le vouloir. Il se tourna vers elle, lui adressant un sourire chaleureux, qui contrastait avec l’atmosphère du cimetière.

« Salut ! Désolé d’être partit si tôt, ce matin, sans rien dire… J’avais besoin de venir ici. Ca me rappel qu’on n’est plus de simples étudiants, mais des « soldats », maintenant… »

Il poussa un léger soupir. Dire qu’il s’était promit de prendre soin de sa sœur, et qu’il avait toujours tenté d’en faire de même avec sa petite amie. Voici que maintenant, toutes deux étaient prises dans cette fureur, en danger, sans arrêt…

Posant le regard sur la tombe, Jonessa ne put retenir le sentiment de vide qui s’installa en elle. Ils voyaient tant de personnes mourir tous les jours, que la jeune femme avait l’impression de ne plus rien connaître d’autre que la violence, la souffrance et la mort. C’est d’ailleurs en partie pour ça qu’elle s’accrochait tant que ça à son passé, à chaque parcelle de souvenir, qui semblait pourtant s’estomper au fur et à mesure que les jours passaient. Tout ceci était devenu sa nouvelle réalité, et elle le refusait. Même si elle n’en parlait pas forcément

Notant le nom sur la tombe, Jonessa comprit le malaise de son petit ami. Elle même n’avait pas connu Jordan, ou très peu, mais elle savait que Peter avait été très proche, et que sa perte était très douloureuse pour lui. Le voyant sourire, elle en fit un triste, acquiessant légèrement de la tête.

« C’est rien, ne t’en fais pas. Puis je dormais comme une marmotte, je ne t’ai même pas entendu sortir. »

Jone ne releva pas l’expression de soldats qu’il avait utilisé pour les définir, sachant qu’il avait parfaitement raison. Ils étaient tombés au milieu d’une guerre, sans demander quoi que ce soit, et maintenant, ils n’avaient d’autres choix que d’assumer le rôle qu’on leur avait donné. Rôle non sans importance en plus, puisque tous les espoirs reposaient sur eux. Ironique comme situation, non ?

« Tu crois qu’un jour on arrivera au bout de tout ça ? »

Elle n’avait pu s’empêcher de poser la question, même si elle n’y croyait pas vraiment, vu la situation. Comment croire à la fin imminente d’une guerre, qui durait depuis des années ?

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