Doutes Lors D'Une Brume [Pv Ralestan]

L

e regard vague, Penelope réfléchissait. Elle ne savait plus quoi penser. Elle avait suivi son mari dans toute ses idées, ne se posant aucune question. Elle avait soif de vengeance, mais plus maintenant. Le but des Georgônes ne l’intéressait pas. Dominer Nohrastiliân ? Pourquoi faire ? D’ailleurs, avoir le pouvoir ne lui tenait pas particulièrement à cœur… Tuer des gens. Elle détestait ça. Et pourtant, ça lui procurait un plaisir incommensurable. Penelope était malade. Elle aurait dût aller voir un psy, ça l’aurait aidé. Maintenant c’était trop tard. Elle était atteinte. Faire souffrir les autres la tenait en vie. Elle ne se dégoûtait pas. Elle dégoûtait ce qu’elle faisait. C’est vrai. Pénélope estimait être belle, intelligente, inaccessible, désirable et élégante. Elle était intimidante, respectée et crainte. Tout le monde se comportait bien avec elle. Et pourtant, la manière dont elle avait obtint ce luxe la dégoûtait. Elle finit par diriger son regard sur une tombe. Une de ses victimes. Elle devait bien avoir fourni le tiers du cimetière. Quelle monstre faisait-elle ! Enfin, elle ne culpabilisait pas. Disons qu’elle regrettait sans vraiment éprouver de mal aise par rapport à elle-même. Elle s’assit d’ailleurs sur une tombe. Ca avait une drôle de touche avec l’apparence qu’elle avait prise. Celle d’une adolescente, cheveux blonds platines aux mèches roses, couette sur le côté, regard insolent… Un corps mince revêtu d’une T-shirt pour les trois quatre ans, une petite veste verte par dessus et un slim en jean agrémenté d’une ceinture à paillette. Elle avait un piercing sur la lèvre inférieur, et contemplait tristement les lieux. Pourquoi avait-elle donné rendez-vous à Ralestân en ces lieux ? Pourquoi lui avait-elle donné rendez vous même ? Elle ne savait pas exactement. Une envie de parler à quelqu’un de neutre, d’intelligent, qui ne l’influencerait pas, n’essaierait pas de la tuer. D’ailleurs, ce n’était plus de son âge cette bataille. Bon, d’accord, elle serait capable de décimer la moitié de Menissiors à elle même, les voir s’entretuer serait un beau spectacle, mais elle trouvait ça d’un puéril. Elle n’avait plus les même envies que son mari. Un gamin dans la tête. Mais c’était si attachant… Elle sourit avant de repenser à Ralestan. Elle allait lui parler de ses hésitations. Elle n’allait pas quitter les Georgônes, c’était certain. Elle n’avait rien à y gagner, et elle voulait rester avec Joshua. De plus, ceux-ci lui voudraient certainement du mal et c’étaient des ennemis à ne pas se faire. Elle espérait que Ralestan lui donnerait son avis réel, et ne tenterait pas de lui faire quitter son clan. Après tout, si elle en était là, c’était vraiment qu’elle n’était pas aussi intelligente qu’elle le pensait. Elle finit par distinguer une ombre dans la brume et lança un doux :

-« Ralestan ? »

Apparence Actuelle :
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Feat dakota Rose

Ralestân se trouvait d'abord dans la cathédrale, seule, après une énième réunion avec les autres Puissants. Leur rencontre pouvait s'écouler sur plusieurs heures ou jours, sans qu'elle n'y fasse réellement attention. Soit, elle avait reçue un message d'une connaissance. Il faut savoir que Ralestân ne possède pas de lieu d'habitation fixe, ni de répondeur ou autres appareils technologiques que ce soit. Alors, c'était un messager qui était venu lui délivrer l'heure et le lieu du rendez-vous... Avec le poids des années et d'une certaine expérience, c'était ajouté une vive curiosité : quand on a l'éternité devant soi, c'était ce genre de raisons qui aidait à survivre. De plus, en y pensant bien... Ralestân se serait très certainement retirée du monde si celui-ci n'était pas aussi ardemment dépendant d'une guerre toute proche...

Non, il était sûr que Ralestân ne jugeait personne. Enfin! pas dans leurs choix de "bien" ou de "mal" plutôt dans leurs choix au quotidien... Elle trouvait la nuance exaltante et, disons, plus intéressante que le jugement moral. Aussi étrange que cela puisse paraître, elle ne refusait jamais une invitation. Oh! Si vous le lui demandiez, elle ne se dirait pas sage. Qu'est-ce d'ailleurs la sagesse? A part les conclusions que l'on tire de ses expériences, qu'elles aient été heureuses ou malheureuses? D'un mouvement lent et plein de grâce, elle se détourna de l'autel devant lequel elle se tenait et marcha vers les portes de l'église. Celles ci s'ouvrirent quand la créature s'en approcha.

Quelques instants plus tard, elle se trouvait à l'autre bout de la ville, dans un lieu désert, fantomatique... Elle apperçut Penelope à plusieurs mètres devant elle, alors que la Gorgeône marchait parmi les tombes. Se fondant dans l'ombre, elle regarda quelques instants la lune, qui promettait à tout moment de disparaître derrière un nuage sombre. Ralestân resta là, silencieuse, avant de se rendre dans une obscurité plus proche de sa future interlocutrice. Quand elle se trouva à un ou deux mètres d'elle, Penelope l'appela. La créature sortit entièrement de l'ombre. Elle détailla rapidement la tenue de son hôte puis la regarda dans les yeux. Le fait qu'elle soit assise sur une tombe était amplement secondaire : les morts sont toujours présents, quelque part, que ce soit dans le coeur ou sous une autre forme, mais leur corps et tout ce symbolisme autour de l'enterrement était-il réellement concevable?

"C'est une belle nuit... emprunte de doutes... Comme la lune disparaît et réapparaît, on ne peut pas réellement espérer se cacher, n'est-ce pas?"

Penelope regarda Ralestân et eut un air intrigué, qui sur sa charmante bouille actuelle donnait un effet incroyablement attachant. Elle se mit à tirer sur sa mèche et rit gentiment aux dires de Ralestân. Elle se leva d’un coup, sembla approcher de l’autre femme, mais disparu d’un seul coup, laissant un vide derrière elle. Elle réapparue juste à côté de Ralestân, son visage presque collé au sien. Dans un souffle murmuré prés de l’oreille de Ralestân, elle émit un petit rire, pas sarcastique, mais assez guilleret.

-« Si, moi je le peux. »

E

lle se détourna ensuite de Ralestân et alla s’adosser à une tombe. Elle fixa Ralestân de son air toujours aussi énigmatique, ne laissant filtrer aucune émotion. La femme qu’elle avait en face d’elle était incroyablement puissante et respectée, et pourtant elle avait l’impression de lui être égale. Oui, c’était cela. Toutes deux n’étaient aucunement concernées par cette gueguerre stupide. Elles n’y voyaient pas le moindre intêret, et pourtant s’étaient retrouvées embarqués dans cette histoire. Quoique… peut-être que Ralestân faisait partie de ces imbéciles qui seraient bien heureux une fois qu’ils possèderaient une ville vidée de tout ses habitants. L’homme n’avait pas beaucoup évolué depuis l’âge de pierre, et ça exaspérait Pénélope. Elle était la seule à se foutre de cette guerre comme de sa première chemise, et la voilà à être une des personnes les plus importantes au sein de cette bataille. Epouse du « Grand méchant ». c aussi ça l’exaspérait. Ces débiles de Ménissiôrs qui prônaient la paix, le bien, la décence et tout ce qui s’en suit, alors que la plupart ne sont que des ramassis de sanguinaires persuadés d’être en pleine thérapie de groupe… Thérapie de groupe, mon œil ! Surtout un délire collectif ! La bien, le mal, n’existent pas. Ce n’est que des divergences de points de vue. Bien heureux est l’imbécile qui a pourri la mentalité des hommes en leur donnant un but aussi vague et futile que la justice, la défense du bien. Porte ouverte à divers massacres inutiles, tels la chasse aux sorcières et j’en passe. Trèves de questions inutiles et sans réponses, Penelope devait se concentrer sur Ralestân. Irritée au plus haut point par cette guerre, elle avait décidé d’en finir. Non, pas de suicide prévu, juste une collaboration avec les puissants. Eux ne voulaient faire gagner ni le bien, ni le mal, juste faire cesser la guerre. Ils étaient les seuls êtres à peu prés sages qu’il puisse y avoir dans la plus pourrie et paumé des villes d’Amérique. Si ils se trouvaient bien en Amérique ! Une fois que les Georgônes sortiraient vainqueurs de la guerre, ce ne serait que persécution et sadisme d’une inutilité des plus agaçante et invivable. La perspective de leur victoire déplaisait à Penelope. Les Menissiôrs maintenant. Une fois la victoire obtenue, ce ne serait que perpétuelle quête de pouvoir. Qui prendra la place de la brebis galeuse qu’est ce cher Noah. C’est vrai, il fallait se faire une raison. A son âge, son expérience pouvait plaire, mais avoir un vieillard sénile comme cher n’était pas forcément réjouissant. Bien vite, la question de la succession se ferait. Il fallait dissoudre les clans. Ceux-ci étaient apparus avec la guerre, ils disparaîtraient avec elle. Quitte à exterminer tout le monde si il le fallait, cette perpétuelle bataille entre des intêrets plus cupides que les autres devenait insupportable. C’était donc en femme usée et non pas qu’en grande barge sanguinaire du siècle que pénélope était venue s’adresser à Ralestân.

-« Je ne pense pas que tu te doutes de ce pourquoi je suis venue ici… Assieds toi, ça va te faire un choc. Cette guerre commence à me taper sur les nerfs. Je n’ai rien à gagner dans cette bataille stupide. Je ne vais pas résumer le brouhaha qui règne à l’intérieur de ma sublime caboche, mais à force de conversations monologuées, j’en suis venue à cette conclusion. Il faut qu’elle s’arrête ! »

dit-elle, prononçant la dernière phrase d’un ton paniqué, et elle continua avec le même,

« Ca n’est plus possible. Je ne vis plus. Ma vie s’orchestre autour de l’idée que je doive faire gagner mon mari, mes « amis » et tout les larbins, ados boutonneux désoeuvrés et ramassis de malade mentaux que mon conjoins à réussi à embrigader avec un sourire charmeur. Je n’y arrive plus. Si je ne me retiens pas, je vais tous les égorger ! je vais massacrer cette bande de bambins braillards. On s’accapare tout ce qui passe. La plus petite là, Julia, elle porterais presque des couches ! c’est atroce. Le « mal », ou du moins la peur que j’engendre, est sali par cette décadence. C’est pas possible d’être aussi peu crédible. Je vais devenir barge… Du moins plus que je ne le suis déjà ! »

E

lle jeta un regard désespéré vers Ralestân, qui devait avoir déjà compris pourquoi elle s’adressait aux puissants et pas aux autres.

Ralestân ne prit pas la peine de bouger. Pas qu'elle sache ce que Penelope comptait faire mais la Nuit était son élément, tout ce qui s'y passait lui était... connu. Enfantillage, démonstration de pouvoir... Inutilité. Elle ne se retourna pas vers son interlocutrice et fit quelques pas en avant, quand celle-ci arriva à côté d'elle. De sa tenue sombre comme l'ébène, il n'y plus moyenne de distinguer une quelconque différence entre le tissu de sa robe et l'ombre qui venait, alors que la lune ne retrouvait cachée par un nuage. En fait, la brume qui se formait alors semblait devenir compacte, amicale envers Ralestân. Elle éleva doucement sa main, dans un geste élégant et lent et toucha du bout des doigt l'obscurité, comme si c'était une tiers personne. Elle écouta la logorrhée de Penelope, les yeux dans la brume.

Quand la lune réapparut, elle baissa lentement sa main, tandis que l'ombre reculait. Elle se souvint brièvement des époques antérieures, lorsque les êtres peuplant ce monde, tout les êtres, avaient atteints une forme de noblesse... Cela datait de plusieurs siècles et plus aucune créature n'avait réussi à revenir à cette grâce... Bien sûr que les créatures d'aujourd'hui se distinguaient par leur orgueil, par leur juvénilité... En un sens pourtant, c'était là que se trouvait leur beauté.

Sur un ton posé, quelque peu absent, Ralestân demanda simplement :

"Et que souhaiteriez-vous que j'y fasse?"

Point d'ironie ou de je-m'en-foutisme. Chaque personne avait choisi son camp... Ponctuant ces phrases d'un 'vous' qu'elle trouvait bienvenue, Ralestân ne tourna enfin vers Penelope.

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