Alors comme ça tu es venue rendre visite à Dieu ?[Gordie]

P

enelope parcourait la ville d’un pas assuré. Elle avait donné rendez-vous à Gordie. Il lui arrivait de prendre contact avec les membres de SON clan. Enfin, surtout celui de son mari, mais elle était le cerveau de l’opération. En ce moment, elle passait son temps à la surface. Elle observait. Tout : les clans, les puissants, les lieux, les citoyens.. Tout. Et il fallait maintenant qu’elle observe son propre clan. Elle avait pour le moment prit l’apparence d’une vieille femme , mais elle en changerait à l’endroit prévu. Traversant ruelles et ruelles, elle continuait de scruter les gens. La guerre était présente, mais elle commençait à devenir habituelle et pas si crainte que ça. Les citoyens de Nohrastilliân avaient appris à réagir en fonction des guerres de clans. Penelope sourit pensivement et émit un petit rire de vieille femme exécrable. Un rire sadique, mystérieux et douloureux. Elle avait croisé les bras derrière le dos, et soufflait doucement, jouant le rôle de la grand-mère fébrile à merveille. Elle finit par arriver à l »endroit prévu : La Cathédrale. Elle s’y engouffra et passa derrière une statue, ressortissant complètement changée.

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Feat Kate Panabaker

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enelope avait pris l’apparence d’une petite fille. Une jolie fillette aux cheveux d’un roux étincelant qui tombaient dans son dos, tirés en arrière et ornés d’un serre-tête décorée de papillons et fleurs en tout genre. Un petit pull d’un vert pomme très enfantin et une petite jupe noire en jean. Des petits collants de laines et des petits souliers vernis d’un noir luisant. Bref, du petit dans toute sa splendeur. Qui pourrait la soupçonner ? Personne. La réponse était évidente. Elle parcoura des rangées de bancs et les effleura du bout des doigts. Elle finit par croiser un homme et blanc, et murmura un « Bonjour mon Père » d’une voix intimidée.. Celui-ci la regarda gentiment, se pencha, posa un genoux à terre, prit le visage de la fillette entre ses doigts et la regarda aimablement.

-« Alors comme ça tu es venue rendre visite à Dieu ? Comme c’est gentil ! »

P

enelope le fixa quelques instants de son regard glacial à un point qu’elle l’aurait tué si ça avait été physiquement possible. Quoiqu’à partir du moment où on paraissait six ans alors que l’on en avait quarante-deux, le physiquement possible pouvait aller se rhabiller. Penelope se contenta d’un sourire forcé et d’un « Oui mon Père ! » totalement hypocrite. Le vieil homme n’y vit que du feux et passa sa main dans les cheveux de la jeune fille. Celle-ci finit par se détourner de lui et se dirigea vers l’orgue à la fin de la pièce, placé à une dizaine de mètres sous un dôme ornés de peinture qui resplendissaient sous le soleil traversant le verre. Au milieu des bougies et des statues, Penelope eut vraiment envie de provoquer une illusion horrifiante, mais elle se décida à respecter la foie de ces gens autour d’elle. De si braves gens.. Penelope n’avait jamais cru en Dieu. Depuis la découverte de sa maladie, elle avait décidé de ne pas y croire. Par vengeance. Dieu la laissait tomber, elle le laissait tomber. Elle finit par repérer un homme de dos, il avait un peu la carrure du petit Gordie. Elle s’approcha de lui, et de sa petite taille, tira sur la manche de celui-ci. Elle murmura un gentil :

-« Gordie ? »

Gordon se tenait bien droit, les mains habituellement posées contre ses cuisses et les pouces rentrés dans ses poches, s'appuyant légèrement sur l'un des hauts bancs de l'église. Ce lieu avait beau être le quartier général des anciens, il était particulièrement facile d'y pénétrer. Tout le monde avait bel et bien le droit de venir s'y recueillir, peu importait son clan ou ses idées. La foi avant toute chose, même s'ils leur paraissaient difficilement imaginable de voir arriver des Gorgeônes croyants ici. Mais Gordon savait qu'il y en avait quelques uns, qui venait régulièrement. Lui, il n'était venu que deux ou trois fois en cinq ans, et à chaque fois il se tenait devant la statue de Christ crucifié au dessus de l'orgue, un sourire en coin tout à fait ironique venant barrer ses lèvres entachées sur la gauche de sa cicatrice disgracieuse, et qui pourtant lui conferrait un petit charme.

Gordon ne croyait pas en Dieu. Après tout, il ne croyait même pas en l'être humain, il fallait voir ce que l'homme était capable de faire en situation de guerre, et c'était son quotidien maintenant. Tortures, menaces, douleurs irréparables, l'humanité virait au drame et peut-être bien que le genre humain était maintenant arrivé à sa fin, condamné à ce que ses représentants se massacrent les uns les autres jusqu'à purger la Terre de son trop plein de méchanceté.

Toujours était-il que pour lui, l'idée qu'un être supérieur dirige tout ça lui semblait tout bonnement ridicule. Pourquoi y aurait-il un vieux barbu qui aurait créé le monde, et créé des trucs aussi infâmes comme les famines, les conflits ... et les amnésies? Si Dieu existait, il était sans aucun doute un Gorgeône. Le coup des épreuves infligées aux hommes, ça n'était que du pur sadisme.

En fait, Gordon n'avait même pas eu besoin qu'on lui réapprenne quoi que ce soit après son amnésie. Ni ce que c'était Dieu, ni le langage, ni l'écriture ou la lecture. Il avait su garder toutes ses connaissances intactes. Il se souvenait de ce qu'était le vent, la pluie et les livres, de que ça faisait de sentir la peau d'une femme contre la sienne. Oui mais quelle femme? Car c'était bien ça le souci, tout ce qui avait été oculté, c'était ce qui se rapportait à lui-même. Son identité effacée en quelque sorte, avec son bagage intellectuel encore intact, ce qui ne faisait que renforcer sa frustration. Il fallait décidement qu'il trouve ce Johnson.

Que faisait donc Gordon dans une église s'il trouvait la figure de cet homme crucifié tout bonnement ridicule? Après tout, toujours dans l'hypothèse où Dieu existait, il fallait qu'il soit sacrèment frappé pour infliger un tel supplice à son propre fils... Bref. Gordon n'était pas dans cette église pour admirer les vitraux ou l'architecture gothique, mais plutôt parce qu'on lui avait donné rendez-vous ici. Oui oui, ça l'avait lui aussi surpris de se rendre compte qu'on pouvait lui donner des rendez-vous, même si ça n'avait rien de quelque chose d'agréable, mais quand même.

Pénélope Kelton, femme du fier chef des Gorgeônes, avait tenu à lui parler. Ici. Allez donc savoir, mais cette femme imposait le respect et était effrayante, parce qu'elle surprenait tout le monde. Créer des illusions, ça conférait un pouvoir de manipulation assez incroyable. Elle pouvait se faire passer pour Andie si elle le voulait. Elle pouvait trahir les Menissiors aussi en se faisant passer pour un des leurs. Mais Gordon se disait que ce devait être bien difficile de se forger une identité si on pouvait modifier son apparence à souhait.

La cathédrale était quasiment vide, ce qui tombait bien pour ce genre de rendez-vous. C'était d'ailleurs un peu effrayant. Gordon se demandait ce qu'elle lui voulait, s'il avait fait quelque chose de mal ou si elle avait su pour Gray et le fait qu'il l'ait étranglé il y avait une bonne semaine au bar, ou bien alors elle savait qu'il faisait ami ami avec Peter par ce même Gray, ou bien Julia avait parlé. Il pouvait se permettre d'être parano , mais ça pouvait être pour tout autre chose.

Il sentit une petite main attraper la manche de son éternelle veste noire, et il baissa la tête vers la voix enfantine qui venait de l'appeller par son horrible surnom. Ca ne pouvait être que Pénélope, surtout en utilisant ce surnom là c'était forcément une Gorgeône, et peu d'enfants peuplaient les rangs de leur clan. Gordon s'assit sur le banc pour être à sa hauteur, et nota mentalement qu'il était totalement ironique que cette femme impitoyable se retrouve ici sous la forme innocente et pure d'une pauvre enfant qui devait avoir moins de 7 ans. Il sourit poliment et baissa la tête en signe de respect.

- Bonjour Penelope.

P

enelope regarda l’homme qui venait de se tourner et reconnu Gordon. Elle fit un grand sourire au jeune homme, qui se baissa pour être à son niveau. Celui-ci inclina la tête et elle rit doucement, elle passa sa petite main dans les cheveux du Georgône, comme elle aurait caressé un chien. Gardant un air satisfait sur le visage, certaines personnes les regardaient avec étonnement. Comme si les rôles entre les deux Georgônes avaient été inversés. Une petite fille qui passait la main dans les cheveux d’un adulte avec une touche de suffisance. Ravalant un rire méprisant elle dit avec ironie :

-« Ne te force pas à essayer de paraître respectueux. Je sais très bien que tu n’a aucun respect sincère pour moi.. Je suis sûre que tu dois me maudire, comme la plupart des gens qui te prennent en pitié.. »

E

lle l’avait dit avec méchanceté. Elle ne savait pas pourquoi, mais de tout les Georgônes, c’était Gordon qu’elle aimait le plus faire souffrir. Le traiter avec mépris l’emplissait d’un plaisir malsain. Elle s’approcha du jeune homme et le prit dans ses bras, donnant un aspect plus crédible à la situation. Ca avait maintenant une apparence familiale irréprochable. Elle finit par défairer son étreinte et regarda Gordon aimablement. Elle veilla à ce que personne ne s’en aperçoive et tendit une rose rouge à Gordon. Irréelle, mais incroyablement vraie. On pouvait la prendre en main, avoir l’impression de toucher ses épines, se piquer, sentir son odeur.. C’était follement bien réalisé. Elle sourit à Gordon et lui dit simplement :

-« Désolée.. »

E

lle s’assit ensuite à ses côtés, sur le banc et regarda ses pieds. Elle ne savait pas pourquoi, elle avait envie de se confier à Gordon. Pas à Nathalie, elle ne voulait pas paraître faible. Gordon pourrait bien se moquer d’elle, elle n’en avait que faire. Elle le tuerai si il se permettait de rire d’elle. Penelope dirigea son regard vers Gordon et soupira..

-« Je mentais… Je n’ai pas pitié de toi. Je sais à quel point ça peut faire mal. J’ai subit ça toute ma vie. Je crois que ça m’a d’ailleurs poussé à intégrer les Georgônes… Je préfère être crainte que prise en pitié.. Je.. Je ne souhaite pourtant pas faire du mal au fond. Mais c’est comme ça que je me sent vivre.. Je m’excuse d’être aussi.. Méchante ? »

E

lle avait terminé sa phrase sur un ton interrogatif.. Devait-elle s’excuser d’être méchante, alors qu’elle était Georgône ? Et puis, peut-être que Gordon ne la comprendrait pas.. Il était mauvais lui aussi. Elle soupira de nouveau et regarda par terre, baissant les yeux comme si elle avait honte. Aussi imprévisible qu’elle était, Gordon devait se dire qu’elle cherchait à se moquer de lui. Pourtant elle était absolument sincère.. Pour une fois. Elle finit par se lever et en même temps que son corps se détendait, devenait droit, elle grandit, ses cheveux aussi, prenant diverses formes et teintes. Sa petite jupe s’étirant d’un coup, laissant place à une grande robe de soie rouge ondulée. Ses cheveux étaient devenus d’un roux flamboyant, son teint pâle et ses yeux d’un bleu incroyablement profond. Elle se tourna vers Gordon et se souvint que personne à part Nathalie et Joshua ne l’avaient vu comme elle était en réalité. Sans faire un sourire, elle déclara d’un ton glacial,

-« Je suis comme ça, normalement »

dit-elle, ignorant les regards intrigués, craintifs et fuyant des autres..

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Feat Nicole Kidman

En présence de cette femme, Gordon avait la très fâcheuse habitude d'être mal à l'aise, bien qu'il ne le montrait évidemment pas. Et elle avait beau être mignonne comme un coeur en petite rouquine innocente, l'éclat dans ses yeux trahissait sa méchanceté profonde et Gordon craignait un peu de s'en prendre, comme toujours, plein la tête. Malgré tout, son visage restait impassible et fermé, son sourire en coin qu'il arborait très souvent ayant définitivement quitté son visage. Sa cicatrice le lança, mais ça n'était certainement pas le moment d'avoir mal.

Il eut comme un léger sursaut quand Penelope passa sa main enfantine dans ses cheveux, ne baissant pas les yeux pour autant. Déjà, Gordon détestait avoir un contact quelconque avec quelqu'un, c'était plus fort que lui. Il ne supportait pas qu'on pose la main sur lui sans sa permission, en réalité il n'y avait bien qu'avec Andie qu'il trouvait ça agréable. Et en plus, ce geste de mépris profond le rabaissait, pour changer, et Gordon pouvait presque sentir les regards des quelques croyants qui venaient lui brûler la peau. Il aurait bien eu envie de leur balancer un cierge dans chaque oeil, mais après tout ils étaient dans une église, et les puissants rôdaient. Il savait quand même se contenir. Néanmoins, il s'échappa de l'emprise de la petite main en dégageant son visage sur le côté.

Il aurait pu sourire sarcastiquement à la remarque de Penelope, mais il ne le fit même pas, restant impassible pour éviter de lui offrir une opportunité afin de l'attaquer. Aucune faille ne devait se montrer, et même si Gordon était énervé de s'entendre dire qu'il était pitoyable, il n'en montra rien.

Il ne se trouvait pas pathétique, bien au contraire. Il avait toujours sa fierté qui lui permettait de survivre aux humiliations, sa dignité était intacte contrairement à ce qu'ils pensaient tous. S'il respectait Penelope, c'était uniquement parce qu'elle avait le pouvoir, et qu'il se devait de le faire. De toute manière, Gordon n'était pas si belliqueux que ça, il ne répondait qu'aux agressions envers lui. Il ne répondit même pas, conscient qu'il valait mieux se taire à l'instant même. Il aurait pu lui envoyer une réplique cinglante, mais il ne voulait pas attiser sa colère.

Quand elle le prit dans ses bras, Gordon prit une attitude interloquée qu'elle ne put voir, ne répondant même pas à son étreinte. Qu'est-ce qu'elle lui faisait là? Le coup de la petite famille idéale? Quand elle se recula, il reprit un visage neutre, et une lueur sombre brillait dans ses yeux bleus. Elle lui tendit une rose qu'elle n'avait pas l'instant d'avant, et il comprit aussitôt que ça n'était qu'une illusion, mais il la prit entre ses doigts quand même sans un sourire pourtant. C'était si réel... Il se piqua même le doigt dessus, ce qui eut le don de l'énerver puisqu'il détestait profondèment se blesser au niveau des mains.

*Quoi?*

Il releva la tête, étonné sans même le cacher cette fois quand elle s'excusa. Il se maudit l'instant d'après, se doutant qu'elle devait encore se moquer de lui, mais bizarrement, elle vint s'installer à sa droite et commença sa confession. Gordon baissa la tête, les yeux rivés sur ses baskets abimées et tâchées par endroits de sang sec, écoutant attentivement. Elle n'avait pas pitié? Vraiment? Pour qui le prenait-elle? Il n'allait pas se laisser avoir. Il y avait de quoi douter de sa sincérité, mais en même temps... lui aussi aurait aimé être craint, mais il n'en avait pas les moyens. Pour l'instant. En tout cas, elle semblait le comprendre et lui posa même un semblant de question. Il sentait son regard posé sur lui, mais se contenta de hausser les épaules vaguement en fixant toujours ses lacets, non pas parce qu'il ne pouvait pas la regarder mais parce qu'il ne le voulait pas.

- Un Gorgeône n'a pas à s'excuser de faire le mal. Je suis pareil d'un certain point de vue...

En moins cruel certainement.

Il sentit un mouvement de son côté, et finalement s'apperçut que son apparence se modifiait. Il n'avait jamais vu ça, et observa attentivement, curieux et totalement intrigué. Une sulfureuse rousse était désormais assise à côté de lui, d'une beauté glaciale. Encore une illusion malgré ce qu'elle affirmait? Gordon semblait déceler une pointe de sincérité dans sa voix, et surtout, elle fuyait les regards.

- Avec un corps pareil, pas besoin de devoir s'en chercher un autre non?

Ca se voulait gentil, et c'était ce qu'il était de toute manière. Il ne la draguait pas, oula non loin de là! Mais c'était un compliment après tout. Et si c'était son vrai corps... Alors c'était là une profonde marque de confiance.

- Pourquoi moi?

Autant être fixé de suite...

P

enelope sourit à la remarque de Gordon, concernant son corps, et faillit répondre, mais elle n'en eut pas le temps. Elle eut le souffle coupé et s'accouda au dossier d’un banc, une main sur la poitrine, l’autre se cramponnant à la rambarde. Elle avait un air intrigué. Ce n’était pas sa pneumonie. Non, même si ça l’avait été, elle l’aurait caché par une illusion, aucun Georgône ou autre individu, hormis son mari, ne devait savoir qu’elle était gravement malade. Premièrement pour éviter que l’on exploite cette faiblesse, deuxièmement pour éviter qu’on ne la prenne en pitié. Mais là, elle souffrait ouvertement. En plus d’être malade physiquement, Penelope l’était mentalement. Elle n’était pas comme Nathalie, elle ne faisait pas souffrir par réel pur plaisir. Penelope était malade mentalement, et son sadisme n’était pas réellement fondé. Nathalie, elle, était mauvaise. Pas comme Penelope, elle l’était dans sa personne, et ne pouvait prétexter une quelconque maladie. Tandis que Penelope, elle, avait de réels problèmes mentaux. Elle gardait une main sur sa poitrine, fixant le vide d’un air confus. Elle ne respirait plus. Finalement, peu à peu, son souffle redevint régulier. C’était comme une espèce d’envie. Tuer, s’acharner sur quelqu’un. Elle essayait de tuer ces envies, mais c’était dur. Elle se mit à respirer doucement, puis s’assis de nouveau aux côtés de Gordon. Elle finit par s’expliquer quant à son apparence.

-« Cette facette de moi, enfin, ma véritable apparence, je ne la montre qu’aux personnes qui méritent réellement de faire « partie de ma vie ». Aucun pauvre Menissiors n’y aurait droit. Après tout, ils sont aveuglés par leurs idéaux minables. Je peux en dire autant des Georgônes. Ces besoins de vengeance futiles, et cette perpétuelle méchanceté qui ne résulte que du fait qu’ils soient désespérés mais ne veuillent l’admettre. Personnellement, je suis en pleine rédemption. C’est comme si, après des années de « massacres », je me rende compte que j’ai raté ma vie. Je n’ai vécu que pour faire vivre aux autres ce que je vie tout le temps »,

dit-elle, sans se douter que Gordon ne devait rien comprendre à ses propos,

« Ils passaient leur temps à me prendre en pitié, à me traiter comme la dernière des impotentes. Mais il fallait que je leur montre. Eux aussi étaient fragiles… Et puis, quelle importance. Au final, je suis encore plus seule. Joshua est là, mais.. Il ne m’a pas prit en pitié. Mais maintenant, il… Il passe tout son temps à croire en cette guerre. On ne partage plus les mêmes idéaux. Je ne les ai jamais partagés d’ailleurs… Je crois que je n’y ai jamais réellement crû. C’était… Comme un rêve éveillé. Une espèce de mensonge perpétuel. Je sais que je ne souhaite aucune mort. Juste que… J’aime faire souffrir. Je.. »

E

lle avait parlé à toute vitesse, délirant de plus en plus. Elle se leva d’un coup, tout était confus dans sa tête. Pourquoi est-ce qu’elle en parlait à Gordon, lui ne recherchait que le pouvoir. Il profiterait de cette occasion pour l’écarter de son chemin. Tout ce qu’elle avait dit était trop sincère. Ca l’énervait. Elle devait arrêter d’être sincère. Continuer à jouer un rôle, comme les années précédentes. Elle finit par terminer recroquevillée sur elle-m^me, les mains crispés sur son crâne. Tout allait trop vite. Ca faisait mal. Elle devait arrêter de se torturer l’esprit. Elle finit par se relever, fixant de nouveau Gordon d’un air déboussolé.

-« Je.. Je ne peux même pas m’écarter de cette bataille débile. Toi non plus, tu n’en a rien à foutre de qui gagnera cette guerre. Ou du moins, du moment que tu es à la tête des Gerogônes, ça t’ira. C’est ce que tu veux depuis le début, prendre ma place et celle de Joshua, ça se voit dans ton regard. C’est insolent et malicieux à la fois. Ca m’énerve. De toute manière, cette place, prends la ! Si je pouvais perdre toute mes responsabilités... Quitter cette guerre débile. Ca m’énerve, ça m’énerve ! Je ne peux même plus y échapper. J’ai de ces envies. Je voudrais tant que ça s’arrête. C’est cette guerre qui me rend comme ça. Je… Je… J’en peux plus ! Je ne peux pas y échapper, on me prendrais pour une traîtresse, je perdrais Joshua. Je.. la seule solution. C’est de mourir.. Non, il ne faut pas. Je. La seule personne qui doive mourir c’est. Joshua ? Si il disparaissait, on serait enfin tranquille. Non, un autre imbécile, toit par exemple, reprendrais le flambeau et mènerais une croisade aussi inutile et stupide que son origine. Gordon… Je comprends plus… En quarante-deux ans de vie, bien que je ne fasse pas mon âge, je te l’accorde, en quarante-deux ans de vie, je ne sais plus ce que je dois faire. La totalité des mes actes, je les regrettes aujourd’hui, et je suis obligée de continuer des les exécuter pour garder mon mari. Pourquoi est-ce qu’il a fallut que je l’aime. Sinon, ça aurait été plus simple. Je vous aurait tous tué, et j’aurais vécu. Mais je peux plus !

hurla-t-elle, tomba à genoux devant Gordon, elle lui lança un regard larmoyant, ne jouant aucune comédie, elle était en pleine crise d’hystérie,

« .. Dis-moi, ce que je dois faire. S’il te plait. Dis-le moi.. Je comprend plus rien. C’est comme une boucle qui ne cesserait d’être bouclée sans que je le souhaite. Je peux plus rien faire.. Ai.. Aide-moi

dit-elle, terminant sa phrase par un murmure.

E

lle avait détourné son visage, regardant ailleurs. Elle avait honte. Demander de l’aide, c’était attirer la pitié. En plus Gordon devait être étonné, la grande chef qui commençait à piquer une crise d’adolescence, qui devenait moitié barge et qui finissait par pleurer devant lui.. Elle ne devait plus pleurer. Reniflant d’une manière touchante, comme une gamine, elle essuya ses lames d’un air orgueilleux et amusant. C’était la deuxième fois de sa vie qu’elle était aussi vulnérable, et il avait fallu que ce soit devant Gordon, le seul qui souhaitait plus que tout prendre le pouvoir. Elle finit par le regarder, de son air toujours aussi triste, suppliant et intriguant.

-« … Alors ? »

En fait, Gordon était loin de penser que ce rendez-vous n'avait pas pour but de l'humilier, mais bel et bien d'établir un lien de ... confiance? Enfin, tout ça était bien confus, il cherchait à comprendre ce qui se passait mais il n'y parvenait pas. Il avait beau penser que tout ça n'était qu'une ruse de plus de la part de cette espèce de sadique, quelque chose au plus profond de son être lui laissait penser qu'elle était vraiment en train de s'ouvrir à lui, et ça le paumait totalement. Il ne comprenait vraiment pas ce qui se passait.

*Moi, en valoir la peine?*

Tout allait un peu trop vite pour Gordon en cet instant précis. Elle venait d'avoir comme un espèce de malaise, se relevant brusquement en se prenant la gorge et le jeune Gorgeône n'avait pas réagi, d'ailleurs il n'en avait pas eu le tmeps. D'ailleurs, qu'est-ce qu'il aurait pu faire face à ça? Il ne savait même pas ce qu'elle avait!

Elle débité son espèce de monologue à toute vitesse et Gordon était tout bonnement désarçonné, cependant il ne le montrait pas. Il gardait un visage purement impassible, malgré le fait qu'il était totalement à l'ouest? Mais qu'est-ce qu'elle lui jouait là? Le peu de phrases qu'il parvenait à comprendre, il n'arrivait pas à les décoder! On aurait dit une pure hystérique, et pourtant Penelope était du genre à se contrôler devant n'importe qui. C'était limite effrayant.

La lourde porte de la cathédrale se fit entendre et Gordon se retourna machinalement. Il constata avec un frisson d'effroi qu'ils étaient désormais seuls, les pauvres croyants avaient tous fui devant la crise de Penelope et Gordon était bien tenté de faire pareil, mais il savait qu'il était dans son intérêt de rester.

*Qui pourrait bien prendre un tel être en pitié?*

Il ne la connaissait que depuis cinq ans, mais il doutait très franchement qu'un jour, la puissante Kelton ait été pathétique... Quoiqu'en fiat, à l'instant, elle était très franchement pitoyable mais il gardait cette remarque pour lui.

Elle se recroquevilla, le silence emplissant la cathédrale, puis se releva en croisant son regard glacé avec celui du jeune homme qui s'efforçait de n'avoir aucune expression qui pourrait le trahir. Elle débita à nouveau un tissu de conneries incompréhensibles, comme quoi il s'en foutait aussi de la guerre tout ça. Il ne la cernait pas, il ne voulait d'ailleurs pas la cerner, ça n'était nullement son intention! Il voulait qu'elle se confie à quelqu'un d'autre, pas à lui!

Et puis finalement, elle s'agenouilla en face de lui et il fut extrêmement surpris d'un tel acte de faiblesse. Son regard était comem celu ide certains de ses ennemis qui imploraient sa pitié avant qu'il ne les achève. Elle détourna enfin les yeux et Gordon se sentit un peu plus à l'aise, jusqu'à ce qu'elle le regarde à nouveau. Il se sentit obligé de répondre et laissa passer quelques secondes, pour éviter de dire n'importe quoi.

- Je ne suis pas qu'un type qui veut le pouvoir, je suis un être humain avant tout. Quelqu'un qui n'a pas choisi d'être dans ce foutu camp, pas comme toi, quelqu'un qui n'a pas non plus choisi les humiliations permanentes et tout ce que vous me faites endurer chaque jour sans que je bronche. Alors tu veux que je t'aide? Mais toi et moi, on a rien à voir. Tu te sens coupable ou je ne sais quoi? Va te confesser, va voir Joshua ou Nathalie, ou un autre larbin mais pas moi.

Alors là, il avait peut-être été un peu loin non?

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