Cette Putain De Porte || PV Gordon/Julia/Paige

U

ne ombre passa sur le mur. Rapide, silencieuse, informe. Ca allait trop vite pour discerner le corps qu’elle reflétait. Des baskets usés disparaissaient, apparaissaient, avec une vitesse hallucinante. Le petit corps frêle d’Elizabeth se dirigeait à toute vitesse vers la fin du toit. Elle parcourait celui d’un des bâtiments de l’ancienne gare. Elle avait revêtit une veste de cuir noir, dessous un chemisier blanc et un jean. Tenue plutôt simple, mais pourquoi se mettre sur son 31 lors d’une mission de reconnaissance ? Enfin, ce n’était qu’une première étape la reconnaissance… Ils avaient trouvé le corps d’un Menissor. Un jeune homme, qui devait avoir son âge. Il avait des plaies et avait été poignardé. On l’avait retrouvé non loin de la gare. Il était de coutume d’explorer les environs lorsqu’on retrouvait un cadavre. Zachary n’avait pas hésité. Il l'avait envoyées traquer les Georgônes. Ca n'était que de la reconaissance, c'est pour cela quElizabeth avait suffit.. Son air enfantin sur la figure, la jolie Elizabeth bondit d’un toit et atterrit sur une caisse de bois. C’est fou le nombre de cargaisons qu’ils avaient abandonné. Passant une main dans ses cheveux, elle s’assit sur la boîte de chêne et croisa les jambes, se recoiffant..

Elle finit par bondir et atterrit au sol. Elle s’approcha d’une grande porte de bois et, barrette en main, crocheta la serrure. Une fois la porte ouverte, elle entra, et veilla à ce qu’aucun rayon de soleil ne filtre. Seule une partie de la gare était éclairée, c’était le petit jour. Elle longea le mur, et fronçant les sourcils, scruta la pièce sombre. Elle sentait l’environnement. Elle réussissait à percevoir les recoins de la pièce en leur totalité. Comme les tournesols qui se tournent instinctivement vers le soleil, elle scrutait les parties visibles. L’entrepôt semblait vide. Elle s’approcha de plus en plus du centre de la pièce et entendit un cliquetis soudain. Un petit bruit métallique… Non ! Quelqu’un venait de verrouiller la pièce de l’intérieur. Entendant le bruit de quelque chose de lourd, elle devina qu’on barricadait la porte … Se mordant la lèvre inférieure, Elizabeth était tout sens en alerte. Une jolie fleur affolée. Reculant doucement, elle veilla à ne faire aucun bruit. Butant contre le mur, elle tâta le sol d’une main hésitante, continuant à scruter le vide. Elle sentit quelque chose de froid sous sa main, et l’enserra. Une clé à mollette. La gardant en main, son regard inquiet se faisait plus rassuré. Elle espérait quand même ne pas se servir de ce.. truc… Machin.. Enfin bon, elle voulait éviter d’utiliser cette chose pour assommer quelqu’un. De plus, c’était pas avec sa force de moustique qu’elle pouvait se défendre. Elle finit par se déplacer latéralement. Elle avait l’impression d’être un crabe. Crustacé particulièrement attachant, elle finit par s’arrêter et écoutant les sons alentours. Elle percevait les bruits de pas de son… Son quoi ? Pas encore un agresseur ou un ennemi.. Quoique. Elle finit par le sentir approcher, et, affolée, se décida à pousser le signal d’alerte. Vite ! Le code pour alerter qui que ce soit.. Code explicite et peu recherché, Elizabeth se contenta de pousser un long hurlement aigu. Une parfaite blonde en détresse. Non, elle était châtain clair, et pas si en détresse que ça. Susan allait venir l’aider d’un instant à l’autre. Oh mon dieu ! Elle ne pouvait pas se défendre seule, elle était trop nulle.. Inquiète, elle vociféra :

-« Paige, si tu pouvais faire preuve d’un peu plus d’engouement à m’entraîner ! »

d’un air énervé, et effrayé à la fois.

S

entant le souffle de l’inconnu contre sa peau, elle comprit que c’était un homme. Pas trop âgé, mais pas en forme. Elle n’y voyait rien. Balançant son pied, elle sentit quelque chose. Elle l’avait touché… Où ? Peut-être là où elle avait espérer faire mal.. Enfin, entendant un gémissement, elle laissa tomber la clé dans un bruit sourd et entendit les pas du Georgône prés d’elle. Ca devait forcément être un Georgône pour être dans cet entrepôt. Un Georgône alcoolique ! En plus, il devait être mal coiffé. Tournant le dos à son agresseur, elle agrippa la planche de bois qui ploquait la porte, et tira en donnant des coups de pieds contre les portes en fer. Décidément, elle aurait préféré y aller accompagnée. Elle commençait à sangloter. L’inconnu se rapprochait, et elle ne pouvait pas se défendre. Sans pleurer, sa voix se faisait tremblante. Se jetant contre la porte, elle ne réussi qu’à se faire mal au bras. Projetée par terre, elle finit par se retrouver à quatre pattes en essayant de retrouver la porte. Tapant du poing contre le bas de celles-ci, elle était toujours dans la même posture. L ‘inconnu n’allait plus tarder, avec le bruit qu’elle avait fait.

-«A l'aiiiide ! Ouvrez cette Putain de Porte !!! »

Après que Paige soit partie, Gordon avait décidé de rester un peu à la gare. Surtout pour se reposer à vrai dire. Déjà, il avait une plaie bien profonde, et en plus de ça, il avait passé une nuit plutôt... agitée à vrai dire. Mieux valait rester ici, aller au Tube risquerait de lui valoir des railleries et il ne voulait pas spécialement que quelqu'un entaille sa bonne humeur. Il ne voulait pas entendre non plus de questions curieuses, du genre pourquoi il n'était pas rentré le soir et pourquoi il était aussi blessé, et pourquoi il était torse nu. Et oui, sa chemise avait été complétement déchirée, par Paige qui le soignait. Tant pis, il s'en foutait. Il songea cependant que, quitte à rester ici, autour faire le tour du propriétaire.

Il se promena donc calmement dans toute la gare, trouvant ça et là des objets totalement inutiles, jusqu'à tomber sur une genre de cargaison de t-shirts dans un entrepôt. Curieux, mais pratique. C'était sûrement quelqu'un qui devait squatter ici, mais Gordon ne vit pas où était le mal de lui piquer un de ses vêtements. Il en prit un tout simple, mais visiblement le mauvais goût et cette personne, ça faisait un. Que des couleurs flashy, et Gordon opta pour la couleur rouge, sans doute la moins voyante dans tout le tas. Ok, pas pratique si on voulait se faire discret, mais déjà plus si on se faisait attaquer. Il préférait voir un t-shirt qui ne lui appartenait pas se faire déchirer plutôt que sa peau.

Tout à coup, tous ses sens se mirent en alerte. Il entendit une voix, assez jeune, venir de l'extérieur et il était plutôt de l'avis que ça n'était pas un Gorgeône. Se plaquant contre une caisse, à l'abri des regards, il attendit en respirant discrètement, jetant un coup d'oeil en attendant de voir qui rentrerait. Il vit alors arriver une gamine, seize ans tout au plus.

*Mais qu'est-ce que les mioches ont tous à sortir en ce moment?*

Il avait déjà du tuer un gosse la veille et il n'avait pas spécialement envie de réitérer l'expérience. Ca n'avait rien de très agréable. Malgré tout, la gamine, sans doute une Horckiliôn ou une Ménissior, avait consciemment fermé la porte sans laisser un seul rayon de soleil lui parvenir, et Gordon laissa ses yeux s'habituer à l'environnement avant de réagir. Il put distinguer l'endroit où se tenait la jeune fille, et un rictus malin vint barrer ses lèvres. Sans bouger de l'endroit où il se trouvait, il verrouilla la porte, plaça mentalement une lourde planche de boiscontre la poignée pour qu'on ne puisse même pas la défoncer. Effrayée, son ennemie recula contre le mur d'après ce qu'il distinguait, et avait trouvé de quoi se défendre. Ca ne l'effrayait même pas. Il s'avança lentement, ses pieds trainaient malencontreusement dans la poussière de l'entrepôt. Tant mieux, elle allait flipper.

*Bingo!*

Elle hurla alors et Gordon se permit un léger rire qu'elle ne put entendre, vu combien elle hurlait. Une fois qu'elle eut fini son petit numéro, il se trouvait juste derrière elle. Il l'entendit alors parler de Paige et ne retint alors pas son souffle. Encore une qui connaissait Paige? Décidement... Il ne pouvait pas la tuer, la jolie Collinghton lui en voudrait trop. Mais la jeune fille lui balança alors son pied en plein dans son genou, le sortant de sa rêverie, et il ne put réprimer un râle, qui la fit lâcher son arme improvisée. Il était tombé sur une trouillarde, il allait pouvoir bien s'amuser.

Affolée, il l'entendait se jeter contre la porte desespérement. Que c'était triste de voir quelqu'un aussi paniquée que ça. Quoique, c'était aussi très amusant. Il prit tout son temps pour s'approcher d'elle, et une fois qu'il fut à côté, sans même qu'elle ne s'en rende compte, il s'accropit pour être à sa hauteur et passa son bras autour de son cou, bloquant sa respiration. Elle arrêta enfin ses longs cris, maintenant remplacés par de faibles couinements.

- Chuuuut... Ca ne sert à rien tu sais.

Parfaitement qu'il risquait de se prendre un coup dans une telle posture, bien qu'elle essayait vainement de l'atteindre, mais il était plus fort qu'elle, il la balança contre le mur et fit léviter sa dague jusqu'à elle, sans même la toucher, pressant l'arme en question contre son cou.

- Maintenant, tu te tais ou je te tranche la gorge.

Il parlait d'un ton calme, et tout à fait détaché. Il s'assit en tailleur en face d'elle, tremblante. Il l'observa quelques secondes dans la pénombre, et rit doucement.

- Décidément, ils nous sous-estiment... S'ils nous envoient des gosses maintenant, ils ne risquent pas de voir leurs effectifs regonfler!

Il sortit une cigarette de sa poche et l'alluma, aspirant une grande bouffée et la lui soufflant dans le visage, pour la narguer.

- Alors, qui t'envoie? Zachary ou Noah?

Au petit matin, comme à son habitude, Julia s'était éveillée tôt. Le soleil n'était même pas encore levé. Une fois douchée, habillée, elle parcourut le Tube. Elle croisait quelques Gorgeônes matinaux, faisant quelques signes de tête ou un sourire poli. Mais elle sentait qu'il se passait quelque chose. Oh, rien de très grave, mais elle entendait murmurer autour d'elle. Sûrement qu'il s'était passé quelque chose pendant la nuit. Peut-être une bagarre, mais ça ne devait pas être un immense combat, car les membres du clan ne feraient pas que le murmurer. C'est alors qu'elle croisa Joshua. Apparemment, elle était celle qu'on cherchait. Ils avaient besoin d'un Gorgeône en reconnaissance pour aller chercher Gordon et c'était tombé sur elle. Julia poussa un soupir, on ne lui donnait que les missions inintéressantes ces temps-ci. Non pas qu'elle n'appréciait pas Gordon, mais elle avait envie d'être au coeur de l'action, d'être au coeur d'une embuscade, d'un combat. Aller chercher Gordon n'avait rien de palpitant, quoiqu'elle ne savait pas encore ce qui l'attendait. Compte rendu de l'histoire, Gordon n'était pas rentré de la nuit et, aux dernières nouvelles, un cadavre de Menissior avait été retrouvé près de la gare, sûrement son oeuvre d'après ce qui se disait. Julia était chargée d'aller voir.

La jeune femme revêtit donc son blouson par dessus un t-shirt à bretelles. Elle était vêtue d'un jeans et avait attaché ses cheveux pour la circonstance. Pour une mission, toujours se donner les meilleurs possibilités afin de combattre, et les cheveux devant les yeux n'était pas très conseillé à vrai dire. Même pour une mission de reconnaissance, elle se devait de le faire. Elle s'arma également de ses fidèles lames et sortit du Tube sous le soleil qui se levait à peine. L'air était pourtant déjà lourd, ce serait une rude journée.

Elle parcourut la ville, aussi rapide et discrète qu'un félin, passant à travers les ruelles et rasant les murs pour accomplir rapidement sa mission sans être vue par quelqu'un avant d'y arriver. Enfin, Julia aperçut la gare et, au loin, un entrepôt. C'était là, disait-on, que le gamin avait été tué. Elle s'approcha et toucha le grillage du bout des doigts. Les fils de fers étaient encore tachés de sang et la vision ne mit pas long à l'envahir. Elle voyait que c'était effectivement Gordon qui en avait fini avec lui, puis que le corps avait été emmené par un Menissior dont elle ne voyait pas le visage. Malheureusement pour elle, cette vision ne la renseignait pas sur l'endroit où pouvait bien se trouver Gordon. Elle regarda alors autour d'elle, en quête d'un indice, l'oreille aux aguets.

C'est alors qu'elle entendit un cri de détresse, strident et paniqué. Un cri de jeune fille. Elle réagit avec une rapidité déconcertante, sortit une de ses lames et courut en direction de l'entrepôt d'où provenait le cri. Celui-ci diminua progressivement d'intensités puis elle entendit toutes sortes de sons de l'intérieur de cette grande bâtisse. Ce n'était sûrement pas la voix de Gordon, mais peut-être une petite fille terrorisée par lui. Elle tenta d'ouvrir la porte mais elle restait bloquée. Elle pénétra alors sa lame dans la serrure, mais celle-ci était déjà crochetée. Cela voulait donc dire que la porte était bloquée de l'intérieur par un quelconque objet. Julia donna un puissant coup de pied dans la porte, mais rien n'y faisait, elle restait impassible à ses coups. La jeune femme cria alors en direction de la porte :

- Gordon, t'es là ? Joshua m'envoie voir si t'es encore entier !

Paige avait quitté Gordon environ une vingtaine de minutes plus tôt pour retourner au QG des mennisiors, mais en chemin, avait finalement décidé de ramener le corps du jeune garçon qui était mort la veille. Qui était mort... Qu'elle jolie façon de se voiler la face et de ne pas dire que Gordon l'avait tué. Elle secoua la tête et retourna à l'endroit où elle l'avait transporté mais il n'y avait plus personne. Juste des traînées de sang. Le coeur un peu serré elle s'accroupit pour poser sa main à l'endroit où se trouvait le cadavre, et resta ainsi quelques longues minutes.

Elle se perdit dans ses pensées quelques secondes puis secoua la tête. Ce n'était pas le moment d'être sentimentale. Elle allait devoir expliquer à son frère et sûrement à quelques uns de ses amis inquiets, où elle avait passé la nuit. Elle allait devoir trouvé un sacré bon mensonge. Elle se releva, prenant garde à ne pas trop appuyer sur sa jambe blessée. Elle ne boitait pas, ni rien, et personne, à part Gordon qui l'avait vu la veille, ne pouvait se douter que sous le jean de la jeune femme, se trouvait une plaie ouverte encore fraiche d'il y a deux jours.

Elle s'éloigna un peu de la gare, pas pressée de rentrer chez elle, puis son regard fut attiré par l'ombre furtive d'une jeune femme brune qui s'approchait de la gare. Sa curiosité piquée au vif, Paige la suivit quelques secondes du regard, la voyant toucher l'endroit où la vieille, se trouvait le jeune homme. Elle secoua la tête et, ayant peu envie de se battre après avoir passé une nuit mouvementée, elle tourna les talons et s'éloigna de la gare. Paige fit quelques pas puis un bruit attira son attention. Elle ne comprit pas ce que c'était exactement. Mais dans la ville silencieuse de Nohrastiliân, cela était sûrement un signe.

Sans plus attendre, Paige se mit à courir vers la gare, la jeune femme avait disparue, et qu'importe qui elle était, peut être qu'elle était en danger en ce moment. Et soudain, elle se rappela que Gordon n'était pas parti de la gare lui non plus, et elle se mit à courir plus vite. Elle ne savait pas vraiment pour qui elle avait le plus peur. Que Gordon fasse du mal à quelqu'un d'après le cris qu'elle avait entendu, ou que cette personne réussisse à lui faire du mal puisqu'il était blessé...

Elle entra en trombe dans la gare, essouflée et sa jambe lui lancant une douleur qu'elle s'efforcait d'oublier. Elle tourna la tête de tout côté, mais elle n'entendait plus rien. Elle voulait tout de même s'assurer que Gordon allait bien maintenant.

(criant)Gordon ! Est ce que t'es là ?

A

quatre pattes dans la poussières, Elizabeth regardait autour d’elle d’un air affolé. Elle continuait d’appeler à l’aide, beuglant comme une hystérique. Pas qu’elle avait l’habitude de demander de l’aide, mais cette impression de renfermement l’insupportait. Elle était claustrophobe et ne pouvait fuir, ça la rendait dingue. D’un coup, elle sentit le bras de l’homme passer autour de son cou, et lui couper la respiration. Ses cris se muèrent bien vite en gémissements plaintifs, semblables aux glapissements de détresse d’un petit chien. Ses mains serraient le bras de l’homme, dans l’espoir de lui faire lâcher prise.. En vain. Elle donna tout de même un coup de coude dans l’estomac de son agresseur, mais il n’en ressentit aucun mal. D’un geste, il la jeta contre le mur. Elle avait l’impression d’être une pauvre petite chose. Ca aussi, ça l’énervait. De la pensée ou par on ne sait quel autre artifice, il la maintint collée au mur. Son pouvoir.. la télékinésie. C’était impressionnant. Elle n’eut le temps de constater plus la situation, qui faisait déjà voler sa dague jusqu’à elle, la pressant contre sa jolie gorge d’une manière plus que menaçante. Clair que ce geste n’était pas amical. Elle serra la mâchoire et gémis. Pas qu’elle avait peur, plutôt qu’elle était fortement incommodée. Enfin, elle était un petit peu effrayée aussi. Mais le fait qu’elle ne puisse voir son agresseur la calmait, et l’inquiétait à la fois. Seul la dague brillait, un faible rayon de soleil se reflétant sur cette objet d’acier. Elle finit par rediriger son superbe regard noisette vers le Georgône. Elle eut un air méprisant, qui n’était pas vraiment approprié à la situation. Elle devait la mettre en veilleuse. Elizabeth était une jeune fille intelligente, et elle décida de se faire petite. La ramener aurait été stupide et plus du niveau de Paige que du sien. Elle le regarda longuement, et ne répondit pas à sa remarque. Elle garda un air neutre, étonnement calme. La soleil filtrait maintenant à travers les carreaux sales de l’entrepôt, et elle découvrit le visage de son agresseur. Assis en tailleur, il avait un air détaché. Il était assez mignon, mais avait cet air je-m’en-foutiste assez irritant. Quand il se décida à lui poser une question à propos d’où elle venait, elle le regarda avec un air empli de haine, froid, et pas émotif pour un sou.

-« Va demander ça au gosse que t’as empalé sur les barbelés ! »

E

lle le regardait, adoptant un air insolent. Ce devait être lui qui l’avait tué. D’abord parce-que son pouvoir correspondait. Empaler quelqu’un sur u grillage, fallait le faire. Et puis, il devait pas y’avoir trente-six Georgônes qui squattaient la gare. Elle laissa passer un grand silence, mais se décida à répondre. Le regardant d’un air suffisant, elle finit par se radoucir, et, prenant une mine compréhensive, elle entrouvrit ses superbes lèvres saignantes, pour lui cracher avec une insolente gentillesse :

-« Zachary ! Et il te conseille de changer de T-Shirt. Une guerre civile ne dispense pas d’un minimum de décence esthétique ! »

E

lle lui sourit, révélant ses jolie dents blanches, et attendit la punition qu’allait lui infliger le jeune homme. Mais à ce moment, elle sursauta. Quelqu’un tpait comme un bourrin dans les portes, en hurlant à un certain Gordon qu’il était venu le chercher. Qu’elle étai venue le chercher. C’était une jolie voix. Fluette, féminine, et un brin enfantine. Encore une belle adolescente totalement paumée. C’était rassurant, elle était pas la seule. Si elle venait le chercher, c’était qu’elle était une Georgône. C’était forcément ce bellâtre que la gamine cherchait à trouver, y’avait pas grand monde dans cet entrepôt, hormis eux. Entendant aussi une autre voix, elle reconnut Paige. Qui beuglait son nom aussi.. mais c’était quoi ce délire ? une mise en scène ? oui, ça devait être ça. Une superbe comédie musicale ! Une superbe comédie pour son anniversaire. Sauf que celui-ci était dans une dizaine de mois, et que la dague n’était pas en plastique. Elle sourit au beau jeune homme qui la retenait et balança d’une voix douce mais espiègle :

-« Dis donc, Gordon ? Y'en as combien qui te courrent après de jolies filles ? C’est pas des manières, ça.. Don Juan, va ! »

Mais quand est-ce qu'ils avaient tous à le bassiner avec ce gosse? C'est bon, ça n'était pas le première fois qu'il tuait un mineur, et si elle ne se la fermait pas dans le quart d'heure à venir, elle risquait de voir son nom gonfler la liste elle aussi. Après tout, cet espèce de Sonic l'avait attaqué, et il ne voulait pas non plus le tuer! Mais que faire d'autre quand on vous harcèle jusqu'à ce que vous créviez? Pas de bol, les barbelés avaient été là et Gordon l'avait achevé, lui rendant ainsi service. Il fallait pas non plus ne voir en lui qu'un monstre sans coeur!

- S'il s'était tenu à carreaux, je l'aurais même pas touché.

Il la regarda d'un faux air compatissant, et afficha une mine désolée mais factice.

- Oh, c'était ton petit copain dis-moi?

Il quitta immédiatement son visage pseudo-empathique et afficha un rictus malin, tirant une nouvelle fois sur sa cigarette, attendant que la jeunefemme parle un peu de son clan. Il misait sur Horckiliôn, mais pas sûr du tout. Quoique, elle avait ce petit côté impertinant dont manquaient les molassons de Ménissiors. Et comme de bien entendu, il avait raison. Il éclata de rire en l'entendant se moquer de ses fringues. S'il y avait une chose dont il se foutait totalement, c'était de son apparence. Si ca se trouvait, il avait encore des tâches de sang séchés sur le corps et tout. Aucune importance. On était en guerre, pas à un défilé de mode.

- Ce cher Zach... Toujours le mot pour rire.

Bien sûr que ça n'était pas Zach qui avait dit ça, mais bon. L'instant d'après, Gordon tourna la tête vers la porte sur laquelle quelqu'un tambourinait violemment. Suivie d'une voix qu'il reconnut instantanément. Julia. Qu'est-ce qu'elle venait faire ici? Personne ne savait où il était, alors comment elle aurait pu savoir qu'il se trouvait à la gare? Et puis... Joshua qui lui demandait de venir le chercher? C'était du n'importe quoi là!

Il s'apprêtait à répondre lorsque, comme un écho, il entendit une autre voix qui le réclamait. Voix qu'il connaissait tout aussi bien, mais qu'il n'avait pas envie d'entendre à l'instant même. Paige. Si la jeune fille la connaissait, ça risquait de très très mal tourner ça. Avec en plus, Julia et Paige dehors toutes les deux. Oh, mais c'était une bonne situation de mrde ça quand même!

Devant le sarcasme de la jeune Horckiliôn, Gordon haussa un sourcil et ne bougea pas d'un pouce, daignant quand même lui donner une réponse.

- T'apprendras ça quand tu seras plus grande. Maintenant, la ferme ou je t'égorge.

Il enfonça un peu la lame dans la gorge de l'adolescente, laissant échapper un fin filet de sang le long de la plaie. Ca allait la dissuader d'ouvrir sa grande bouche pour quelque temps.

Quand même, d'habitude, tout le monde se moquait éperdumment qu'il crève, et aujourd'hui, deux personnes décidaient de se soucier de sa vie. Alors là, il croyait rêver. C'était pas franchement la journée idéale pour ça en plus! Il réfléchit à toute blidne à ce qu'il allait répondre, et il fallait que la réponse conviennent aux deux ennemies jurées dehors, pour qu'elles partent chacune de leur côté sans se rencontrer.

- Oui, tout va bien t'inquiète. Rentre, j'arrive dès que j'ai réglé un petit détail.

Il regarga la midinette en face de lui et lui adressa un sourire malsain, tout chuchotant.

- Et oui, c'est bien toi le détail ma chérie. Dommage qu'il n'y ait pas de barbelés ici!

Comment ils avaient su que Gordon était là ? Les informations filtraient à une vitesse folle à Nohrastiliân, il n'y avait pas de quoi en être si étonné. Et puis le cadavre du gamin avait été retrouvé à la gare, alors Julia n'avait eu qu'à chercher, surtout qu'elle avait entendu le cri de l'Horckiliôn, ce qui l'avait tout de suite alertée. Mais il y avait de quoi se poser des questions, en effet. Julia savait que c'était Gordon qui en avait fini avec le Menissior grâce à sa vision, mais les autres, comment le savaient-ils ? En tout cas, elle ne se posait pas plus de questions, elle était simplement chargée de le retrouver et de, éventuellement, le ramener au QG. Tuer un gamin de 16 ans avait fait bouillonner le clan ennemi et les Gorgeônes devaient à présent se tenir prêts à n'importe quelle contre-attaque. Il valait mieux pour eux que tous leurs membres soient de retour au plus vite au Tube, sinon ça risquait de mal se finir cette histoire.

Julia attendit une possible réponse lorsqu'un autre voix appela Gordon, une voix qu'elle ne connaissait pas, ce n'était donc pas une Gorgeône. Elle se tourna pour essayer de voir qui était cette personne, sa lame prête, l'oeil alerte. Mais la voix de Gordon finit par se faire entendre. Il lui disait de rentrer. Ben voyons, il était marrant lui ! Joshua l'égorgerait si elle ne se ramenait pas avec Gordon. Mais elle ne dit rien, elle préféra ne rien ajouter et trouver un autre moyen d'entrer. Régler un petit détail, ça voulait tout dire. Mais de toute manière, il n'avait apparemment pas besoin d'elle. Julia préférait rester dans le coin, on ne sait jamais, il peut toujours avoir besoin d'aide. Et puis, il y avait cette voix qui avait également appelé Gordon. Qui était-ce ? La jeune femme commença alors à faire le tour de l'entrepôt d'un pas lent, sans bruit, regardant autour d'elle. Les lames qu'elle tenait dans la main reflétaient les éclats du soleil levant.

Enfin, elle vit la personne en question. Une jeune femme qui courait de tous côtés, cherchant apparemment Gordon. Elle paraissait presque paniquée et un rictus apparut sur les lèvres de Julia. Elle crut reconnaître une Tannissâr. Elle s'avança doucement puis s'adossa contre une énorme caisse de chargement. Elle observa la jeune femme puis finit par lui signaler sa présence. Non pas en l'appelant, mais elle enfonça sa lame dans la caisse de chargement, à un endroit précis, puis elle l'enleva, se mettant sur le côté, d'où elle lança un coup de pied contre la caisse. Celle-ci s'ouvrit et son contenu se déversa sur le sol dans un bruit métallique. En effet, cette caisse était remplie de clés à molettes. Le bruit eut tôt fait d'avertir la jeune femme de sa présence. Julia s'avança, sortant de l'ombre que faisait la caisse, puis lui adressa un sourire. Elle demanda d'une voix ferme et douce à la fois :

- On peut savoir pourquoi tu cherches Gordon ?

Elle ne la connaissait pas et se demandait pourquoi une Tanissâr pouvait bien rechercher un Gorgeône, si ce n'est pour le tuer. Mais à ce moment-là, comment se faisait-il qu'elle n'avait pas l'air furieux que les gens avaient lorqu'ils cherchaient le meurtirer d'un allié ou d'un ami ? Elle avait plutôt l'air inquiet qu'avaient les gens qui cherchaient un ami justement.
Tout en regardant attentivement la jeune femme, Julia se dit alors que Joshua et les autres seraient sûrement contents d'apprendre que l'un des Tanissârs avait quitté ce monde, tout comme le gamin. Au moins, le tuer aurait servi à quelque chose, en plus de se défendre. Elle l'observait alors de ses yeux bleus profonds, perçants, comme si elle la jaugeait du regard. Voyant qu'elle en répondait pas, elle ajouta, d'une voix pleine de sarcasmes :

- Eh, je t'ai posé une question, t'es sourde ?

Julia avait toujours fait preuve d'une grande arrogance, elle était comme ça. Mais quelques fois, certains disaient que ça pouvait lui jouer des tours. En l'occurrence, elle ne connaissait pas le pouvoir de son adversaire, et ce n'était peut-être pas prudent de la défier ainsi. Mais en même temps, la jeune femme ne connaissait pas non plus son pouvoir, alors elles étaient en quelque sorte à égalité. Et puis Julia possédait des armes qu'elle maîtrisait plutôt bien.

Paige avanca en courant dans la gare, appellant le jeune homme une fois. Si elle avait retenu une seule lecon, c'était qu'il ne fallait signaler sa position qu'une fois. Elle n'allait pas se mettre à crier partout son nom. Elle se mit donc à courir, pour éviter d'être repérée trop vite en cas d'attaque. Elle n'avait aucune arme sur elle, elle était nulle avec ça et préférait largement se battre avec ses mains. Etant très souple et douée en arts martiaux, cela lui était bien utile lorsque son pouvoir décidait de faire des siennes.

Elle s'arrêta un moment, reconnaissant la voix du jeune homme. Hein ?! C'était quoi cette phrase : 'Oui, tout va bien t'inquiète. Rentre, j'arrive dès que j'ai réglé un petit détail.' Soit il ne s'addressait pas à elle, soit il avait perdu les pédales. Depuis quand déjà, lui donnait il des ordres? Rentrer ? Ce n'était pas le moment. Et puis qu'est ce que c'était que ce bordel ici ? Et surtout le : 'j'arrive dès que j'ai réglé un petit détail' Depuis quand la rejoignait il au QG des menissiors ? Et qu'est ce que c'était que ce 'petit détail' ? Enervée désormais, elle se rapprocha de l'endroit d'où venait le bruit.

Elle courru vers la porte de la salle où ils avaient passés la nuit mais elle était vérouillée de l'intérieur. Elle tenta de la faire s'ouvrir de force mais celle ci ne lui obéissait apparement pas. Elle ferma les yeux et se concentra de toutes ses forces pour frapper mais à la place, ses mains devinrent incandescantes. Trop surprise pour s'intéresser à quoi que ce soit d'autre, elle ne fit pas attention au bruit de métal sur le sol, signalant la présence de quelqu'un d'autre ici.

Combien étaient ils ? Et pourquoi ils étaient enfermés dans cette salle ? Comment se faisait il que son pouvoir décide de se manifester maintenant ? Autant de questions qui bouillonaient dans sa tête. Mais elle n'avait pas le temps et posa sa main incandescante sur la clanche, la faisant fondre instantanément lorsqu'une voix l'interrompit. Elle se tourna, la main toujours posée sur la porte, puis scruta les horizons. Rien. Elle s'éloigna un peu de la porte et appercu une jeune femme brune assise sur plusieurs caisses, avec devant elles, une centaine de clefs à molettes éparpillées. Elle fronca les sourcils à la requête de la jeune femme. Apparement, elle connaissait Gordon aussi et n'avait pas l'air de lui vouloir de mal, ce qui faisait d'elle une Gorgeône. Paige cacha sa main dans son dos, pour ne pas réveler l'origine de son pouvoir sur le champ et ménager l'effet de surprise.

Elle fixa la jeune femme. Elle devait avoir environ son âge et affichait un air déterminé et sure d'elle. Ses grands yeux bleus la fixaient et elle se remit à parler. Apparement, ce qu'elle attendait de Paige pour le moment, c'était une bonne excuse. Si elle avait l'intention de se battre, Paige ne pouvait plus se concentrer sur cette porte et ce qu'il s'y passait derrière. Elle espérait seulement que cette clanche disparue, ca pourrait aider quelqu'un. Elle regarda la fille quelques secondes encore, puis, lonchalement, prit l'un de ses elastiques attachés à son poignet et se noua les cheveux. Quitte à se battre, autant être dans les meilleurs conditions. Sa jambe lui faisait toujours un peu mal, mais il ne fallait laisser s'echapper aucun point faible pour le moment.

Je viens m'occuper de lui. (sarcastique) Pas toi ?

Après tout, si elle en avait après Gordon aussi, c'était peut être que cette Gorgeône était sa petite amie suivante. Paige s'appuya contre le mur et fixa la jeune femme. Elle l'a reconnu à se moment là, c'était elle qu'elle avait appercue tout à l'heure, regardant l'endroit où s'était trouvé un jeune homme mort quelques temps avant. Elle, que Paige avait soupconné d'être en danger ici. Apparement pas, et vu l'expression de son visage, dans peu de temps, elles allaient toutes les deux être en danger.

E

lizabeth continuait de regarder Gordon avec un apparent mépris, mais se taisait. Son sang coulait le long de son cou. Ca ne lui faisait pas mal, et ça la rendait belle. Collée au mur, elle commençait à avoir peur, de plus en plus peur, surtout quand Gordon parla de « régler un détail ».. Elle le regarda et comprit qu’il allait la tuer. Mais cette voix, elle savait que Paige n’était pas loin. Mais face à une Georgône…. Aucune importance, elle avait confiance, la pyrokynésiste avait un don puissant et une capacité à comprendre littéralement impressionnante. Ravalant sa salive, Elizabeth fixa Gordon d’un air inquiété. Il allait tuer combien de gosse au cours de sa vie, celui-là ? Elle grinça des dents, mais fixait la porte d’un air plein d’espoir. Son vœux fut réalisé, Paige venait de faire fondre la clenche, la porte était ouverte. Elle s’ouvrit, inondant la pièce de lumière. Elizabeth plissa les yeux sous tant de luminosité. Elle finit par profiter de l’occasion. Un instinct de survie particulièrement puissant l’anima, et elle usa de son pouvoir. En un battement de cil, une racine d’un diamètre assez imposant sortit du sol dans un petit nuage de poussière, et se jeta à une vitesse hallucinante au visage de Gordon, s’essayant de l’étrangler. Sous le choc, il ne put maintenir son emprise. Elizabeth tomba au sol, en même temps que le couteau. Avec rapidité, elle se releva, laissa le couteau sur place, et sortit de l’entrepôt. Gordon n’allait sans doute pas mettre longtemps à reprendre le dessus sur cette racine, qui, déjà, devenait inanimée. Son pouvoir n’agissait plus. Il s’était déclenché sur le coup de l’émotion, et, maintenant qu’elle se sentait en sécurité, il devenait inopérant. Elle scruta les environs. Paige était sur ses gardes, face à une jeune femme qui semblait prête à se battre. Elle croisa le Tanissarde du regard, et détala. Elle se mit à courir à toute vitesse, de peur que Gordon la rattrapa. Au bout d’un moment, elle finit par s’arrêter, et s’adossa à un mur, essoufflée. Elle plaqua sa main contre sa poitrine, et se concentra sur son souffle, le ralentissant. Elle finit par se laisser glisser le long de la façade, s’asseyant au sol. Ca avait été si vite. Elle était effrayée, et aussi heureuse de connaître l’étendue de son pouvoir. Elle finit par repenser à Paige, il fallait qu’elle y retourne. Elle ne pourrait l’aider, mais.. Elle ne pouvait pas la laisser seule. Elevant les yeux, elle soupira et murmura :

-« Bouh.. Pourquoi je suis venue ici moi ? »

E

lle finit par se relever difficilement, épousseta son jean, et jeta un regard ennuyé à une façade. Elle finit par retourner jusqu’à l’entrepôt, grimpa jusqu’aux toit. Elle ne pouvait aider Paige, mais elle pourrait.. regarder.. S’assurer qu’elle aille bien. Peut-être que son pouvoir se manifesterait naturellement si elle avait peur pour la jolie brune. Et puis, elle espérait que Gordon ne l’attaque pas. Elle resta donc là, accroupie sur les tuiles, à scruter les deux Georgônes et la Tanisssarde, attendant l’issue de ce combat avec inquiétude et impatience…

Etrangement, aucune des deux jeunes filles à l'extérieur ne lui répondit. Et ça, ça ne prédisait rien de bon. Il aurait pu penser naivement qu'elles étaient toutes les deux sagement retournées dans leur campement respectif, sans se croiser, donc sans se battre. Mais si ça avait été le cas, elles auraient au moins confirmé les paroles de Gordon, chose qu'elles n'avaient pas faite. L'instinct de Gordon lui dictait que la confrontation était proche, et que le silence était mauvais signe. Il ne pouvait cependant pas s'éloigner de cette insolente gamine et ne voulait pas non plus la tuer sans raison. Dans le genre situation merdique, c'était le pied.

Mais le Gorgeône n'eut aucune décision à prendre, car il dut agir en conséquence des événements qui se déroulent à une vitesse fulgurante. En moins de temps qu'il ne fallait pour le dire, une lueur rougeaoyante apparut près de la porte, et il vit fondre la planche qui barrait la porte.

*Paige*

Aussitôt, la porte s'ouvrit en grand, inondant la pièce d'une lumière aveuglante. Gordon plaça sa main devant ses yeux, il détestait le soleil et se complaisait dans l'ombre ou les espaces plutôt sombres, et ne supportait pas des changements de luminosité aussi soudains. Manque de bol, la sale gosse en profita pour faire sortir du sol une espèce de racine géante qui vint lui enserrer le cou jusqu'à l'empêcher de respirer, le soulevant à plusieurs mètres du sol. Au bout de quelques secondes, il reprit ses esprits et parvint à trancher la plante coriace avec sa dague, heurtant violemment le sol une fois débarassé de l'emprise de cette chose. En un quart de secondes, il réalisa que la petite botaniste en herbe - sans jeu de mots aucun - en avait profité pour s'enfuir et il courut alors à l'extérieur.

*Et m*rde...*

Il atterrit alors pile poil entre Julia et Paige. Tout s'était passé si vite, il en avait presque oublié la situation explosive entre la Gorgeône et la Tânissar, alors si maintenant il se trouvait au milieu... Il se devait de réfléchir, et en moins d'une seconde s'il vous plait.

S'il soutenait Julia, il devrait tuer Paige, ce qui ne lui disait rien du tout. Déjà, il braquerait Peter et là, aucun moyen pour le faire basculer du mauvais côté. Et puis aussi... il n'en avait pas envie. Et puis, tenir avec Paige reviendrait à se braquer un flingue sur la tempe. Adieu les Gorgeônes, bonjour la trahison. Il se ferait exécuter en moins de deux.

Une idée lui vint alors. Ca n'était certes pas la plus brillante, mais il ne voyait pas tellement quel autre choix s'offrait à lui. Se casser, choisir son camp, il ne pouvait pas. Alors il fallait trouver autre chose. Diversion admirable.

Mentalement, il fit sauter un à un les points de suture de sa plaie dissimulés sous son t-shirt. Le rouge du tissu se fit plus foncé au fur et à mesure qu'il parvenait à réouvrir sa blessure, et il palissait à vue d'oeil, les yeux mi-clos et le visage transparent de douleur. Il porta ses mains à sa blessure, priant pour que sa solution fonctionne. Julia penserait qu'il avait été blessé dans l'entrepôt, alors qu'en fait il ne faisait ça que par affection pour Paige. Pour distraire Julia. Que la Tânissar puisse s'enfuir sans perdre de temps, et qu'elle prenne en compte la souffrance qu'il endurait pour qu'elle ait la vie sauve.

Il posa les yeux sur Julia, tombant à genoux au sol et se tordant de douleur. Ca faisait sacrément mal, autant qu'hier voir plus. La démone n'était pas cruelle, elle viendrait l'aider et Paige en profiterait pour filer, du moins il l'espérait. Si elle l'attaquait, elle serait vraiment la reine des... bref.

- Ju...lia...

Il toussa et tâcha le sol de gouttes sombres. Et voilà qu'il se mettait à cracher du sang. De mieux en mieux.

*Sauve-toi Paige, que ça n'ait pas servi à rien...*

Julia observait la jeune femme, comme si elle essayait d'évaluer ses capacités, comme pour essayer de deviner de quoi elle était capable. Elle ne savait pas que c'était la soeur de Peter, un Tanissâr qu'elle avait rencontré il y a peu de temps. Mais de toute manière, il aurait été risqué de mentionner cette rencontre. Elle-même s'attirerait des problèmes car elle aurait dû le tuer, et lui se ferait sûrement fortement réprimander par ses amis d'avoir simplement "parlée" avec une Gorgeône. Enfin, pour l'instant, là n'était pas la question.

Julia avançait doucement en direction de Paige puis s'arrêta à plusieurs mètres, continuant de la regarder d'un air quelque peu arrogant, comme à son habitude. Cet air-là ne la quittait pas lorsqu'elle était face à un ennemi, et ça n'allait sûrement pas changer de si tôt. C'est alors que la jeune femme répondit enfin à sa question. Elle était venue s'occuper de Gordon ? Étrange...Julia fronça les sourcils puis eut un sourire amusé, mauvais.

- T'occuper de lui ? Toute seule ? Je pensais pas que les Tanissârs étaient aussi courageux !

Sa voix était plein de sarcasmes. Elle se moquait bien évidemment de la jeune femme, c'était en général ce qu'elle faisait pour provoquer l'adversaire. Souvent, elle arrivait à ses fins et l'autre l'attaquait sans même se poser de questions. Mais quelques fois, cela pouvait également se retourner contre elle. Enfin, elle prenait des risques, sinon ça ne servait à rien de participer à une guerre de ce genre. Et puis, elle trouvait étrange qu'elle vienne toute seule, tout simplement parce qu'elle et ses amis étaient censés être les espoirs du "bien" et ne devaient pas trop prendre de risque, car ils étaient en général les cibles principales de n'importe quel Gorgeône.

Soudain, Julia vit avec étonnement la porte s'ouvrir et une jeune fille en sortir. Elle ne pensait pas l'avoir déjà vue, en tout cas, elle échangea un regard avec la jeune femme et se volatilisa, courant à vive allure. Levant un sourcil, elle se demanda tout ce que cela signifiait, jusqu'à ce que Gordon fasse son apparition. Il y eut quelques secondes où Julia reprit un air totalement assuré, car ils seraient à présent deux contre la Tanissâr, et elle n'avait pas vraiment beaucoup de chance s'ils se mettaient les deux à la combattre. Cependant, du sang commença à ruisseler sous le t-shirt du Gorgeône et Julia ne put cacher un certain air de surprise et d'horreur devant tout ce sang qui coulait. Mais que s'était-il donc fait ? Cette jeune fille de tout à l'heure lui avait-elle fait ça ?

Lorsqu'il appela son nom, Julia s'avança d'un pas précipité, rangeant une de ses lames et gardant l'autre à la main au cas où la jeune femme décidait d'attaquer pendant ce moment de faiblesse. Julia s'accroupit vers Gordon puis souleva son t-shirt pour observer la blessure, autant savoir tout de suite si c'était grave ou non. La réponse lui sauta aux yeux, il fallait absolument le soigner.

- Allez Gordon, relève-toi, il faut soigner ça, je t'emmène à...

Elle n'eut pas le temps de finir sa phrase que des images vinrent à son esprit. Une image d'une jeune femme qui lui faisait des points de suture, à l'endroit exact de la blessure. Mais les images repartirent alors aussi vite qu'elles étaient venues. Julia leva les yeux vers la jeune femme de sa vision puis tourna à nouveau son regard vers Gordon. Le moment n'était cependant pas aux questions. Elle surveillait la Tanissâr du coin de l'oeil, passa le bras de Gordon sur ses épaules puis l'aida à se relever comme elle put. Elle préférait lui poser toutes ces questions plus tard. Il risquait de perdre trop de sang s'ils attendaient trop longtemps. Elle jeta un regard soupçonneux à la jeune femme puis s'apprêta à repartir en tenant fermement Gordon. Du sang ruisselait sur le sol en petites gouttelettes, pourtant nombreuses. Il ne fallait pas traîner.

La jeune Gorgeône la fixait de ses yeux bleus percant. Paige était en léger désavantage, ne connaissant pas le pouvoir de son ennemie, il fallait qu'elle soit sur ses gardes et qu'elle s'attende à tout. Elle jeta un coup d'oeil vers la porte. Son plan avait marché et peu importe qui était enfermé là dedans, il allait pouvoir sortir. Avec sarcasme, la fille lui répondit qu'il était rare de trouver des Tanissârs courageux. Elle fronça les sourcils, appréciant peu qu'on parle de ses meilleurs amis ainsi, mais ce n'était pas le moment d'entrer dans son jeu. Tout cela n'était que de la provocation pour gagner du temps et Paige le savait pertinament.

Elle ne pouvait pas utiliser ses pouvoirs contre la jolie brune, ne les contrôlant pas du tout, mais elle pouvait essayer de rivaliser avec ses armes. Elle fit un pas en avant et soudain, entendit un bruit derrière elle. Enfin, quelqu'un était sorti de cette foutue pièce. Toujours sur ses gardes elle se tourna légèrement. Elizabeth. La jeune fille venait de sortir en trombe de la pièce, complétement affolée. Alors c'était elle que Gordon était en train de persécuter dans cette pièce. Décidément, s'en prendre aux jeunes enfants, c'était son truc... Elizabeth croisa rapidement son regard et se redressa.

- Cours ! Dégage tout de suite !

Paige avait crié, de sorte que la jeune fille détala sur le champ. Si elle avait la gamine dans les pates, Paige ne pourrait en aucun cas s'en sortir dans ce combat. Son esprit serait toujours occupé à veiller sur la petite et elle ne pourrait pas se battre. Elle s'apprêtait à répondre à la Gorgeône et à se battre lorsque en quelques secondes, Gordon déboula devant elles. Il était au milieu d'elles deux et leur jeta à chacune un regard. Paige baissa sa garde quelques instants, se demandant ce que le jeune homme allait faire. Puis, d'un coup, il porta la main près de sa blessure et se plia en deux. Elle appercu sans difficultés le sang qui coulait le long de son Tshirt et sur sa main. En quelques secondes elle comprit qu'il avait fait cela délibérément. Elle l'avait recousu tant bien que mal la veille et les coutures avaient tenues toute la nuit. Et en aucun cas, Elizabeth n'aurait été capable de lui infliger de telles blessures. Même Paige peinait à lui faire mal. Il tomba sur les genoux en appellant la jeune Gorgeône. Julia.

Celle-ci n'attendit pas plus et rangea ses armes pour se précipiter sur lui. Paige n'avait pas l'intention d'attaquer. C'était une Tanissar et elle ne blessait pas les gens sans raison. Elle fit quelques pas en arrière en regardant la jeune femme soulever Gordon. Elle croisa rapidement son regard et murmura un léger 'merci...' avant de relever les yeux vers Julia.

- Je suppose qu'on se reverra Julia...

Elle tourna les talons et se mit à courir pour sortir de la Gare. Arrivée à l'extérieur elle fit quelques pas en avant et tourna sur elle même, cherchant à appercevoir Elizabeth.

- Elizabeth ! Ramène toi et vite !

Paige ne savait pas ce que la jeune fille était venu faire ici, mais ce qui était sur c'est qu'elle allait l'entendre ! Si jamais Paige n'avait pas fait demi tour, la gamine serait toujours aux mains de Gordon, et peut être même de Julia, qui ne semblait pas vraiment plus amicale. Elle mit ses poings sur ses hanches. Elle n'allait pas l'attendre des heures, au risque de se faire repérer. Quelques secondes après, elle vit Ellie sauter du toit et attérir avec souplesse sur ses jambes.

A

basourdie, Elizabeth avait suivi toute la scène sans en détacher les yeux. Elle s’attendait à.. rien. Elle n’avait pas essayé d’imaginer la scène future, parce-que dans tout les cas ça aurait été mauvais. Mais, contrairement à ce à quoi elle ne s’attendait pas, Gordon sorti de l’entrepôt, se retrouvant « assiégé » par les deux furies. Il avait l’air en très bon état, jusqu’à ce qu’il s’affale, saignant abondamment. Elle était sûre qu’il l’avait fait volontairement, en usant de son pouvoir. De une, elle ne l’avait pas blessé, c’était juste si elle avait pût lui nuire. De deux, il se tenait droit et en apparente bonne santé jusqu’à il y a trois secondes, et le sang avait commencé à couler juste à ce moment là, alors que si il avait été blessé dans l’entrepôt, il aurait déjà dût avoir des traces. De plus, Julia se précipita sur lui, et Paige sembla soulagée. C’est vrai qu’elle ne pensait pas être observée ; et Elizabeth pût lire sur les jolies lèvres de la jeune femme un « merci » plus que troublant. La gamine fronça les sourcils. C’était très bizarre ça. En fait non. Elle avait totalement compris ce qui se tramait la dessous et en était un petit peu… outrée. De une, parce-qu’elle voyait mal Paige dans les pattes de ce sale pervers qui avait pour principale occupation l’homicide de pauvres enfants innocents, et de deux, parce-qu’elle savait que la Paige si remontée contre les Georgônes trahissait son clan avec l’une de ces pourritures. La jolie jeune femme ne tarda pas à s’en aller en courant, finissant par appeler Elizabeth. Celle-ci hésita quelques secondes, avant de bondir sur un toit voisin et de suivre la Tânissarde de prés. Quand celle-ci s’arrêta, Elie fit de même et bondit jusqu’au sol, atterrissant avec un maîtrise et une grâce assez exceptionnelles. Elle releva son regard glacé sur Paige, plongea ses yeux dans les siens. Elle articula, avec délicatesse, lui demanda avec une étonnante gentillesse :

-« Depuis combien de temps ? »

P

aige n’avait visiblement pas compris, puisqu’elle n’était pas sensée savoir qu’Elizabeth savait… La petite brune continua de fixer sa « presque-grande-sœur », et croisa les bras. Elle n’en revenait pas. Cette fille, avec qui, certes, elle n’entreprenait pas des rapports très amicaux, trouvait le moyen de sortir avec un Georgône. Elle le sentait. Leurs regards, le désir émanait d’eux comme la peste d’un rat mort. Drôle de comparaison, mais là, c’était aussi nocif et répugnant que la métaphore à son sens le plus littéral. Elle la regarda, un air presque dégoûté sur la figure. Si elle avait eu des revolvers à la place des yeux, Paige ne serait déjà plus de ce monde. Elizabeth continua de la fixer longuement, sans laisser Paige parler. Elle n’avait que seize ans, mais son regard était largement suffisant pour convaincre Paige de la fermer. De une, la pyrokinésiste était en tort, et elle avait fait une bêtise. Elie, elle, n’avait rien fait contrairement à ce que laissait penser l’air de Paige. Plongeant son regard toujours acéré dans celui de Paige, Elizabeth finit par se radoucir. Elle n’était pas énervée, mais réjouie. Paige venait de commettre une erreur irréparable, et ça lui faisait plaisir que la jeune femme ai fait un pas hors de la ligne rouge. Odieuse ? Sûrement, mais à la guerre tout les moyens sont bons, et en plus de mépriser Paige, Elizabeth se sentait inférieure à elle. Maintenant, il y avait de quoi équilibrer la balance. S’approchant à grands pas de Paige, elle se posta prés d’elle, presque contre la jolie brune, et, de son regard toujours aussi gentillet, lui donna l’impression de ne pas lui en vouloir le moins du monde. Elle lui souriait, tout laissait à penser qu’elle était compréhensive.

-« Depuis combien de temps laisse-tu un meurtrier te pénétrer ? Depuis combien de temps arrive tu à jouir face au visage de ce salopard ? »

V

oilà. Le mal était fait. Elle avait balancé des mots durs, autant par la forme que par le fond, juste après lui avoir sourit. Et le pire c’est qu’elle lui souriait encore. Elle était odieuse, et elle le savait. Au fond, elle plaignait Paige, et regrettait de faire ça. Comme la pyrokinésiste. Elle ne voulait pas coucher avec Gordon dans le fond, mais c’était trop tentant. Là, Elizabeth se détestait de faire ça, mais c’était si bon. Lui cracher toute sa haine au visage. La regarder réagir. Pour une fois, Elizabeth pouvait faire le mal en ayant raison. Elle se sentait si bien. Elle était une sale peste, mais elle savourait ce moment. Sûrement la seule occasion qu’elle aurait de voir Paige en si mauvaise posture. Elle la regarda, ne baissant pas les yeux une seconde. Paige pourrait la gifler, elle s’en fichait. Elle soutiendrait tout, elle continuerait de la fixer. Parce-que maintenant, en cet instant, si quelqu’un devait baisser les yeux et avoir honte, c’était la Tanissarde. Elizabeth continuait de la regarder, les bars croisés, ce sourire toujours aussi bizarrement sincère sur le visage, le regard méchant… Comment allait réagir la pyrokinésiste ? Mal ? Elie l’espérait avec une méchanceté totalement avouée. Elle ne voulait pas faire tout ça, elle aurait voulu réconforter la jeune femme, mais la briser était tellement plus bon.

La vision de Gordon se brouillait légèrement, et son goût de fer dans la bouche était extrêmement désagréable. D'accord, il était habitué à ça lorsque sa cicatrice se rouvrait, et c'était assez fréquent d'ailleurs. Mais là, il y avait quelque chose de différent. Il ne s'était pas blessé à cet endroit en se battant avec l'adolescente la veille, et il soupçonnait que l'espèce de racine de trois mètres y soit pour quelque chose. Toujours était-il que le sang ne cessait dee s'écouler par ses lèvres, maintenant par un fin filet continu.

Malgré le fait qu'il voyait à peu près tout flou, Gordon distingua clairement Julia qui vint vers lui, surveillant quand même Paige d'un oeil lorsqu'il la sentit hésiter quelques secondes. Il en comprit pas bien, mais la pensée se répercuta quelques instants plus tard dans sa tête. Elle venait de le toucher. Elle était pyrokinésiste.

*Put*in, il a fallu qu'ils l'envoient elle!*

En même temps, si ça avait été quelqu'un d'autre, il aurait d'abord tué Paige, puis cherché à le soigner ensuite donc il valait sans doute mieux que ce soit Julia qui soit à ses côtés. Mais vu le regard qu'elle lui lança, il comprit qu'elle avait vu quelque chose qui ne l'enchantait pas vraiment. Quoi donc? La discussion au lac? Quand elle l'avait recousu? Quand ils avaient couchés ensemble? Il n'en savait rien, mais ça s'annonçait très mal pour lui.

En s'appuyant contre elle et se redressant, il raviva la douleur et hurla comme jamais. Pourtant, ça n'était pas une chochotte, et il savait endurer pas mal de maux. Il serrait la plupart du temps les dents, surtout quand il se faisait humilier devant des Gorgeônes. Il avait sa fierté. Mais là, c'était trop fort, trop vif, trop... infecté? Il n'aurait pas du la réouvrir, ça ne faisait pas de doute. Si jamais il mourrait à cause de ça, Paige l'aurait sur la conscience!

Ses yeux glissèrent sur l'endroit où se trouvait la jeune femme quelques instants auparavant et vit qu'au moins, il n'aurait pas fait tout ça pour rien. Elle avait eu le temps de filer, avec la mioche peut-être? Enfin bon, pour le moment, c'était le dernier de ses soucis.

Chaque pas était une souffrance, chaque respiration une déchirure et chaque clignement d'oeil un effort surhumain. Il vit sur sa gauche un espèce de bâtiment pas trop délabré et fit comprendre qu'il voulait faire une pause à Julia. Elle le lâcha contre la paroi et il se laissa glisser contre pour reprendre son souffle, appuyant ses mains recouvertes déjà de sang contre la plaie. Il parvint à relever les yeux vers elle, le soleil lui faisait faire une grimace encore plus intense.

- Je sais pas ce que t'as vu, mais ... c'est pas une trahison, juste que... elle est fragile et si j'peux faire d'une pierre deux coups avec la famille Collinghton, pourquoi... pas.

Elle essaya alors de le toucher, il ne savait pas pourquoi, et il se déroba instinctivement. Si elle n'avait pas encore vu que ses deux-là avaient fait plus que se regarder dans le blanc des yeux, autant éviter de lui donner l'occasion de voir de telles choses.

- Tu m'crois pas c'est ça?

Julia tenait fermement Gordon à présent. Elle l'aidait tant bien que mal à se relever, espérant qu'il ne perdrait pas trop de sang, ce qui semblait mal parti. Un filet de sang s'écoulait de ses lèvres entrouvertes, il fallait se dépêcher. Elle releva les yeux vers la Tanissâr lorsque celle-ci l'appela par son nom mais elle ne lui répondit pas. Elle la fixa jusqu'à ce qu'elle s'en aille en courant. La jeune femme se hâta donc d'aider Gordon à marcher. Chaque mouvement avait l'air difficile et il en poussa même un cri. Ça devait vraiment être grave pour que ça le fasse crier ainsi, car les Gorgeônes encaissaient habituellement très bien les coups. Enfin, il lui fit signe d'aller se poser près d'un bâtiment, ce qu'elle fit. Elle l'aida à s'appuyer contre la façade puis le lâcha. Il était à bout de souffle, mais il fallait qu'il tienne bon, ils n'étaient plus très loin.

C'est alors que Gordon prit la parole. Alors il avait remarqué qu'elle avait eu une vision ? En fait, cela se voyait assez facilement quand c'était le cas. Elle était en général un peu ailleurs pendant plusieurs secondes. Julia observait Gordon en fronçant les sourcils. Est-ce que c'était vrai ou essayait-il de ne pas s'attirer les foudres de son clan ? Mais après tout, une vision ne la renseignait pas sur les pensées des personnes, juste sur les évènements passés. Ce qu'elle avait vu n'était donc peut-être rien, tous les Gorgeônes savaient aisément dissimuler leurs vraies pensées si nécessaires.

Elle ne dit rien puis vit que la blessure saignait de plus en plus abondamment. Il devenait urgent de la soigner. Elle s'approcha pour l'aider à se relever mais il lui fit une autre remarque. Elle haussa les sourcils et reprit son air légèrement arrogant.

- Tu veux rester ici à perdre tout ton sang ou je t'aide à te relever et je t'emmène à l'hôpital ?

Elle n'avait pas dit le Tube, ce qui signifiait qu'elle n'allait pas le dénoncer. D'ailleurs, elle préférait en savoir plus avant de faire quoi que ce soit. Si ce que Gordon lui disait était vrai, il arriverait bientôt à mettre deux Tanissârs de leur côté. D'ailleurs, elle venait de se rendre compte que cette jeune femme était la soeur de Peter, le Tanissâr qu'elle avait rencontré quelques jours auparavant. Elle s'appelait Paige si ses souvenirs étaient bons. Mais ça n'avait pas vraiment d'importance pour l'instant. Elle se pencha vers Gordon pour se mettre à sa hauteur puis ajouta :

- Écoute, que ce soit vrai ou pas, pour l'instant on s'en fiche, il faut te soigner. Et si c'est une trahison, je préfère en finir moi-même avec toi plutôt que de laisser une blessure pareille faire le boulot.

Son air était mi-sérieux, mi-amusé. Elle aurait tout le temps plus tard de l'assaillir de questions, mais pour l'instant, il fallait faire vite. Une flaque rouge s'étalait sur le sol désertique et Gordon était vraiment très pâle. Ils n'étaient plus très loin de Hullman Hospital, il fallait qu'il tienne encore quelques minutes.

Paige attendait, les bras croisé autours de sa taille que la jeune Horckiliôn la rejoingne. Elle avait les yeux fixés sur la porte de la gare. Si Julia et Gordon en sortait maintenant, qui sait ce dont Elizabeth serait capable. A voir Gordon affaibli, elle serait bien du genre à lui sauter dessus. Elizabeth la rejoingnit en peu de temps et posa un regard glacé sur elle. Et quoi encore ? Paige venait de sauver sa misérable petite vie et elle allait se permettre de lui faire une remarque. Si jamais, elle osait lui dire qu'elle aurait pu s'en tirer seule, Paige la planterait ici sans hésitation. La jeune fille pouvait être agréable parfois, mais par moment, Paige avait juste envie de l'étrangler.

Et à entendre les paroles doucereuses d'Elizabeth, Paige ne su s'il elle avait envie de la frapper ou de la réconforter. "Depuis combien de temps ?" Depuis combien de temps QUOI ? Elle fronca les sourcils, et, les bras toujours croisés, fixa la jeune fille, se désintéressant totalement de la porte de la Gare. Elizabeth portait sur elle un regard des plus déplaisant, mélange de dégoût, d'horreur et de colère. Paige, trop surprise par le silence d'Elie et son visage qui passait du dégoût à une joie presque malsaise, ne répondit rien et attendit que celle-ci formule sa pensée. Depuis combien de temps elle était là? Depuis combien de temps QUOI bordel ?! Légèrement impatiente, Paige fit un mouvement de tête pour lui dire de continuer. Elie fit quelques pas vers elle en souriant et se mit près d'elle pour lui parler doucement.

Le sang de Paige ne fit qu'un tour. Comment cette sale peste pouvait être au courant ? Personne, à part Gordon et elle, ne savait quoi que ce soit. Ses paroles étaient bien crues et Paige fut tenter de baffer la jeune fille. Si elle avait laissé parler ses pulsions, elle l'aurait sans doute déjà mise à terre, la main sur sa gorge, s'apprétant à lui flanquer la raclée de sa vie. Mais Paige était déjà dans une mauvaise posture, rien ne servait de laissé parler ses instincts. Sa raison prendrait le dessus. Après tout, la jeune Horckiliôn n'avait strictement aucune preuve. Et, à choisir, elle savait très bien qu'Abigail et le reste de ses amis, la croiraient elle plutôt que cette petite peste. Mais il était hors de question de laisser cette saloperie lui faire perdre pied et gagner. Elle ne mentirait pas non plus, nier le fait qu'elle avait passé la nuit avec Gordon ne servirait à rien. Le faire serait s'abaisser au niveau des Gorgeônes, et si elle se refusait de faire quelque chose, c'était bien ça. Mais modifier légèrement la vérité... Elle fixa quelques secondes le visage de la jeune fille, elle semblait complétement exitée par le fait d'être en position de force. Paige la regarda en arquant un sourcil.

- T'es trop jeune pour comprendre. Une stupide gamine arrogante.(se tournant) Je ne peux rien te dire, tu ferais foirer le plan. T'arrives déjà pas à te débrouiller toute seule ici.

Elle commenca à avancer vers Naamon Alley. Elle détacha ses longs cheveux et s'arrêta un peu plus loin. Elle s'assit sur un tas de métal et regarda les plaies qui avaient cicatrisées sur ses bras. Au moins, il n'y avait pas de problème avec ces blessures. Celle qui la faisait cependant plus souffrir était sa plaie à la jambe qu'elle avait tenté de masquer avec des bandages. Mais le sang avait coulé en abondance et avait tâché son jean. Il allait bientôt falloir qu'elle aille à l'hôpital voler des compresses. Mais pour l'instant, la petite garce était revenue près d'elle et Paige s'attendait à ce qu'elle revienne à la charge.

E

lizabeth regarda Paige et fut surprise qu’elle ne nie pas. Au moins, elle était sûre de ce qu’elle avançait maintenant. Elle sourit à la jolie brune qui ne tarda pas à lui tourner le dos et partir s’asseoir ailleurs. Elle le regarda et sourit. De toute manière, si l’autre imbécile tentait toujours de « les » tuer, dans son état, il n’en faudrait pas beaucoup pour l’expédier six pieds sous terre. Restait l’autre fille. Elizabeth jugeait Paige capable d’en terminer avec elle. En plus, avec un peu de chance, ces deux furies se massacreraient pour Gordon. Elizabeth finit par s’avancer prés de Paige et se pencha légèrement, approchant son visage de celui de la pyrokinésis

-« .. Si, je comprends »,

murmura-t-elle

« c’est compliqué comme situation. D’ailleurs, je n’ai même plus envie de te discréditer auprès de tes.. amis. »,

continua-t-elle, hésitante, ..

« Et pourtant, Dieu sait que ce serait simple. Ce n’est pas parce-qu’ils ont confiance en toi qu’ils ne seraient pas prés à croire en une personne saine et équilibrée, dotée d’une intelligence et d’une lucidité dépassa largement la moyenne.. Tu le sais, ça serait si simple, »

poursuivi-t-elle, froide, avant de se radoucir,

« .. mais tu n’as pas à faire la forte tête. Ni à t’inquiéter, parce-que je sais que tu t’en mords les doigts.. Je ne leur dirait absolument rien.. T’achever ne me tente plus. Après tout, ça serait vil et puéril. Et il m’arrive d’être mature, du moins plus que toi, »

balança-t-elle avec un air hautain, avant de rire gentiment.

E

lle lui sourit gentiment, avant de s’asseoir à ses côtés. Elle agitait nonchalamment les jambes. Cet endroit ne lui plaisait pas. Absolument pas. Elle soupira et se décida à fixer l’horizon. Il faisait jour à présent. Se passant la main dans les cheveux, Elizabeth ferma les yeux en souriant. Il subsistait une légère brise, qui faisait voleter quelques mèches de cheveux de la jeune fille. Elle devait néanmoins remercier Paige, qui lui avait sauvé la vie. Il lui tardait maintenant de mieux maîtriser son don, pour qu’elle puisse se sortir de pareilles situations sans l’aide de qui que ce soit. Pour ses reconnaissances, elle viendrait accompagnée dorénavant. Elle finit par retourner son regard vers Paige :

-« .. C’est sérieux ? Pour qu’il aille à se charcuter pour toi, faut que ce soit sérieux. De son côté du moins. Et toi ? Tu est prête à t’engager avec un Georgône ? Il est prés à quitter son clan pour toi, tu penses ? »

E

lle la bombardait de questions, n’écoutant pas vraiment les réponses. Disons qu’elle était fascinées par les relations plus que spéciales de sa « grande sœur ». Elle trouvait ça romantique. Comme la réplique de Roméo et Juliette (livre qu’elle avait trouvé dans les affaires d’Abby… ça datait de sa « jeunesse » soi-disant…), une famille étant les Georgônes, l’autre étant les Tanissards. Elle était contente, comme une gamine de seize ans euphorique devant un tel conte de fée.. Enfin, sauf si ils reproduisaient le roman jusqu’au bout. Niveau poison, elle pouvait fournir. Chassant cette idée de sa tête, elle sourit encore à Paige. C’était assez étrange qu’elle ne maudisse plus cette relation. Elle restait enfant, et serait prête à prendre la parti de Paige. Elle la regarda, mi-sérieuse, mi-amusée.

-« .. J’espère que ça va durer… L’amour résiste à tout on dit.. Enfin, dans vôtre monde. Ca risque d’être difficile. En tout cas, tu peux être sûre que je te mettrais pas des bâtons dans les roues… Du moment que ton petit ami n’essaye pas de me tuer… C’est ton petit ami, non ? »

E

lle continuait de la fixer de son air compréhensif et amusé. Ca avait beau être grave comme histoire, elle préférait considérer la situation comme une grande pièce de théâtre.

Gordon savait que ça n'était pas aujourd'hui qu'il mourrait, du moins il en avait la certitude il y a avait de celà quelques minutes. Mais plus il voyait la mare de sang au sol qui s'imprégnait un peu plus de la terre poussiéreuse, plus il commençait à se dire qu'il avait peut-être fait une connerie... Pour une fille, c'était bien le comble! Gordon Price, le garçon sans attache aucune, qui se sacrifie pour une ... ennemie. Putain, c'était n'importe quoi, et plus il prenait du recul - si tant est que ses pensées étaient cohérentes - plus il s'en rendait compte. Il aurait du la tuer plutôt que de revenir à un tel suicide, après il se serait occupé de Peter et voilà, tant pis. Là, il s'était comme tuer tout seul.

Pour la première fois de sa vie, Gordon eut peur. Peur que tout s'arrête là. En fait, il n'avait pas peur de la mort, de la lumière rougeoyante de l'enfer - peut-être parce qu'il ne la voyait pas encore - mais il avait peur d'avoir choisi de mourir pour une très mauvaise raison. Peur de se sacrifier pour une cause qui n'en valait pas la peine. Peur de s'être faire prendre pour un con aussi, mais sa fierté, il s'en occuperait plus tard. Pour le moment, il se devait de se concentrer sur le moment présent.

Etant blessé et particulièrement faible, la perception des sens du jeune démon était tout à fait exceptionnelle. Les couleurs comme trop contrastées venaient agresser ses yeux, quand il réussissait à les maintenir ouverts et une tonne de sons lui parvenait sans parvenir à distinguer ce que c'était. Les simples bruits légers et doux à l'oreille lui paraissaient insupportables, et il percevait la voix de Julia sans même parvenir à comprendre ce qu'elle racontait. Qu'est-ce que c'était? Des mots? Des phrases? Mais qu'est-ce que c'était une phrase en fait? Il perdait la tête, et l'appuya contre la surface gelée du mur, ses pupilles quasi retournées mais luttant pour éviter. Quoi? Il ne savait pas. Instinct de survie.

Dans un geste de consciente minimale, il parvint à tendre la main vers Julia mais la rata, de peu ou de loin il n'en savait trop rien mais il fallait qu'il se lève. Il ne voulait pas crever comme un vulgaire chien dans la rue, il valait quand même mieux que ça. Du moins, il aimait à le penser. Il toussa doucement et chaque mouvement était douloureux. Il eut l'intelligence de tourner la tête sur le côté pour cracher le surplus de sang qui affluait par ses lèvres et il s'essuya vaguement avec le revers de son bras, déjà tout entâché de sang lui aussi.

Il tendit à nouveau la main vers Julia qui l'attrapa cette fois fermement et parvint à le relever, parce qu'il avait quand même essayé d'y mettre un peu du sien. Ca aurait fait pathétique le mec sans force qui abandonne l'idée de s'en sortir. Il voulait vivre. Il le devait.

Dans un murmure plus qu'une vraie parole, Gordon s'efforça de prononcer le peu de pensée consciente qu'il avait.

- Pas... comme ça.

Il savait que s'il avait trop mal, il lui demanderait de l'achever, comme il l'avait fait la veille avec le gosse. S'il avait su... il ne l'aurait pas buté ce mioche! En attendant, il y croyait encore et refusait de baisser les bras, aussi parvint il à aligner un pied devant l'autre avec peine, mais courage.

On ne pouvait pas dire que Julia était très proche de Gordon, on ne pouvait pas non plus dire que sa mort l'affecterait plus que s'il avait été un autre Gorgeône, mais comme n'importe quel autre membre, elle ne le laisserait pas tomber. Son clan était sa famille, et on n'abandonne pas un membre de sa famille dans un état pareil. Il ne fallait absolument pas qu'il se laisse abattre, ils arriveraient à temps pour le soigner. La jeune femme savait assez bien manier un fil et une aiguille pour recoudre tout ça. Ça allait faire mal, mais peu importe, ce n'était le moment de craindre une petite aiguille.

Julia observait Gordon, attendant une quelconque réponse, un quelconque signe qui montrerait qu'il ne renonçait pas. Puis il essaya de lui tendre la main, mais ses yeux, son visage, n'était plus très présent. Elle préférait ne pas le toucher pour l'instant, elle redoutait toujours les visions dans des moments comme ceux-là, où elle se devait de rester dans le présent et non s'évader dans les moments passés d'autres personnes. Enfin, Gordon lui tendit à nouveau la main et elle l'attrapa fermement. Elle sentait venir des images, mais elle se concentra et parvint à les repousser. Ce n'était pas le moment de traîner. Combinant leurs forces, elle arriva à remettre Gordon sur pieds et ne fit aucun geste de recul lorsqu'il cracha un jet de sang sur le sol. Elle avait déjà vu pire. Et la phrase que le Gorgeône prononça lui donna encore plus envie de ne pas lâcher le morceau. Elle répondit, ne sachant pas si Gordon comprenait tout ce qu'elle disait :

- Ne t'inquiètes pas, tu vas t'en sortir.

Elle mit le bras de Gordon sur ses épaules pour le soutenir et entreprit d'avancer pour sortir de cette gare. Péniblement, mais d'un bon rythme vu la situation, ils marchaient en direction de Hullman Hospital. Malgré tout le sang que le Gorgeône perdait, il s'en sortirait. Julia jetait de temps à autre un regard dans sa direction. Il était pâle, ses yeux avaient du mal à rester ouverts, mais elle le maintenant encore fermement, repoussant les visions qui voulaient parfois apparaître. Ce n'était pas le moment d'interrompre leur marche et de s'abandonner à des images dont elle ne connaissait pas la durée. C'était un peu l'inconvénient de son pouvoir, les images l'assaillaient parfois sans qu'elle ne puisse les interrompre, et cela pouvait être dangereux dans ce genre de situation, en l'occurrence pour Gordon.

Enfin, ils sortirent de la gare, mais Julia eut la mauvaise surprise de voir deux silhouettes un peu plus loin devant elle. A mesure qu'elle avançait, elle reconnaissait la Tanissâr et la jeune fille qui s'était enfuie en courant de l'entrepôt.

- C'est pas vrai, pourquoi elles sont encore là !

Elle avait plus marmonné ça pour elle-même que pour autre chose, elle espérait simplement qu'elles ne chercheraient pas l'affrontement. Mais comme celle-ci bloquaient la seule ruelle qui menait à l'hôpital depuis la gare, elle dut s'arrêter quelques secondes, tenant toujours Gordon avec le plus de fermeté dont elle était capable.

L'esprit de Paige était embrouillé, il fallait qu'elle se reconcentre. Une partie d'elle était resté dans cette gare, à se demander si le jeune homme allait bien. Pour avoir recousu sa plaie, elle savait que la réouvrir était vraiment dangeureux, et elle se demandait pourquoi au juste il avait fait ça. C'était vrai quoi, ils ne se connaissaient que d'il y a quelques jours, avaient couchés ensemble une fois et elle lui avait fait comprendre que les sentiments c'était pas son truc. De plus maintenant, elle devait batailler avec une petite peste pour ne pas qu'elle balance tout à ses amis.

Au fur et à mesure que celle ci parlait, Paige se demandait ce qu'Abby pouvait bien trouver à cette petite saloperie. Jesse était un ange comparée à elle. Cette gamine prétencieuse était une vraie tête à claque qui se pensait supérieure à tout le monde. Pourtant Paige avait déjà vu la jeune femme à l'oeuvre, et elle n'avait franchement pas de quoi se vanter pour l'instant. Même elle qui ne maitrisait en rien le feu, pouvait se vanter d'être plus puissante que la gosse. Paige laissa échaper un petit rire. Alors comme ça Elizabeth était mûre ? Ca, c'était la meilleure ! Elle ne devait surement pas connaitre le sens de ce mot car il ne s'appliquait absolument pas à cette petite emmerdeuse.

Emmerdeuse et totalement lunatique qui plus est. Après avoir craché des horreurs au visage de Paige, elle en venait à s'intéresser à leur pseudo histoire d'amour. Ridicule. Elle devait encore être dans sa période fleur bleue à dévorer des livres à l'eau de rose pour comparer Paige et Gordon à Roméo et Juliette. Il n'y avait rien de romantique entre eux, juste du sexe et encore. Paige ne savait pas pourquoi Gordon était aller jusqu'à se charcuter ainsi, alors qu'il n'avait pas hésité à tuer le jour d'avant. Sans doute ne le savait il pas non plus et avait juste agit sans trop réfléchir... Quant à quitter son clan pour elle ? Paige se marrait bien. On ne changeait pas comme ça.

- Va falloir que tu comprennes petite qu'il n'y a strictement rien de Romantique dans cette histoire. Tout ce que je veux c'est protéger Peter de ce Gorgeône. Quant au sexe, ca n'avait rien de sérieux, c'était histoire d'oublier nos problèmes un soir et maintenant nous appartenons à des clans ennemis et toujours en mesure de nous entretuer.

Mais Elizabeth n'écoutait en rien sa réponse. Dans son délire, elle était partie en pensant coute que coute qu'ils formaient un "couple" et que leur amour résisterait à tout... Quelle connerie ! Paige soupira et secoua la tête en refaisant le lacet de sa chaussure.

- Ce n'est absolument pas mon petit ami. Il n'est rien, et si j'avais à lui faire du mal je le ferais. Mais je ne suis pas une meurtrière. Et il y a des souffrances plus importantes que la mort Elizabeth.

Elle releva les yeux vers la gare. Non, elle n'était définitivement pas attachée à lui, mais au loin, elle appercu Julia qui avancait en trainant Gordon près d'elle, et en voyant ça, elle eut comme réflexe premier de se lever et d'aller l'aider à soutenir le blessé. Mais elle se contint et se tourna vers Lizzie.

- On va rentrer maintenant. Abby m'attend.

E

lizabeth regarda Piage. Elle était assez amusante comme fille. Elle ne retint pas la moitié de ce qu’elle lui dit. Elle était plus occupée à observer l’horizon, si faible. Elle rit doucement à la remarque de Paige par rapport à la nature de la relation que Gordon et elle entretenaient. C’était amusant de prétendre ne rien ressentir. Elle la prenait pour une imbécile. Même cet espèce d’imbécile de Gordon s’était avait mit un pied dans la tombe pour la jolie brune. Et elle savait que Paige était infiniment plus naïve que le jeune homme. Avait-elle déjà tué quelqu’un ? Avait-elle déjà mis sciemment fin aux jours d’un être humain ? Elizabeth pensait que non. Elle n’en serait pas aussi insouciante. Et pourtant, il était clair qu’elle serait amenée à le faire. Elizabeth se releva doucement et caressa la tête de Paige comme elle l’aurait fait pour un chien. Ca l’énervait, et elle aimait voir cette jolie jeune fille trépigner pour un rien.

-« Tu es sois profondément conne, sois nymphomane. La preuve : Tu ne l’as même pas achever, alors que vôtre relation n’est basée que sur le sexe.. Il doit sacrément bien te faire l’amour pour que tu le gardes en vie. Et toi, tu dois être sacrément coquine pour qu’il aille jusqu’à se massacrer pour toi. Mais je n’en ai jamais pensé moins »,

commença-t-elle, avant de s’accroupir et de caresser la joue de Paige,

« ça se voit à ton regard…. Provocante. Tu as beau être tout le contraire, tu as des airs de traînée… »

E

lle rit gentiment avant de s’éloigner, jetant un œil non loin. La georgône et l’imbécile arrivaient. Enfin, disons qu’ils se traînaient aussi loin qu’ils pouvaient. Elle sourit, avec un air espiègle. Ca n’était pas dans ses habitudes, mais elle voulait absolument prouver à Paige qu’elle avait tort. Disons qu’elle se fichait des conséquences actuellement. Elle s’amusait avec Paige, et c’était tout ce qui comptait. Sion instinct reprenant le dessus, elle leva la maint et balança un sonore :

-« Ecarte ! »

S

oudainement, une racine imposante s’extirpa du sol et enserra Julia à la taille, s’arc-boutant, elle la serra, l’entravant de tout mouvement. Pas spécialement qu’elle lui faisait mal ou qu’elle veuille la blesser, juste qu’elle tienne à ne pas mourir. Elle savait qu’un moindre faux-pas l’expédierait six pieds sous terre. S’avançant peu à peu vers les deux Georgône, et laissa Paige constater la situation. S’accroupissant aux côté de Gordon qui était maintenant au sol, elle l’observa et sourit. Paige avait bon goût finalement. Caressant le visage du Georgône avec délicatesse, elle se releva et s’approcha de Julia,. Effleurant la racine.

-« Waw ! C’est comme si j’avais fait ça toute ma vie ! J’aurais jamais cru que ça marcherait. Bon, je tenais aussi à te présenter mes excuses, étreindre les gens de la sorte n’est pas dans mes habitudes. J’espère que ce n’est pas trop serré… »

E

lle lui sourit, vraiment gênée. Elle n’avait rien contre elle, et elle se sentait mal de faire ça, bien qu’elle fut dans le camp adverse. Levant son index délicatement, elle laissa une étrange énergie l’envahir. Une autre racine, moins imposante, s’extirpa lentement d sol, enserrant le cou de Gordon. Elle se serrait lentement, très lentement. Elizabeth le regarda avec haine. Pour lui, aucune excuse. Il avait voulu la tuer, et avait tuer un autre enfant. Guerre ou non, aucune excuse.. Elle n’allait pas le tuer, elle n’en serait pas capable. Elle sentait d’ailleurs déjà cette énergie la quitter. Elle n’usait jamais de son don, et d’ailleurs, elle ne savait pas vraiment le faire. D’ailleurs, les liens de Julia commençaient déjà à s’effriter. Elizabeth se tourna et sourit à Paige :

-« Alors ? Tu n’y tient toujours pas à ton joujou ? Ne fais rien et je le tue… »

[J'avais dit plus qu'un post... Mais bon, puisque t'en a décidé autrement!]

Ca y était, ils étaient dehors et la luminosité s'intensifia, lui faisant définitivement fermer les yeux. Ca devenait dur, trop dur. Par chance, l'hopital n'était plus très loin et il savait qu'il aurait le courage et la force nécessaire pour l'atteindre. Il le fallait, il n'allait pas se laisser mourir comme une pauvre bête sanglotante sur le sol. Etonnament, il sentait que le sang affluait un peu moins, ou peut-être était-ce seulement une impression?

Il entendit Julia parler et dans un sursaut de conscience, releva légèrement la tête en ouvrant les paupières et remarqua deux silhouettes qu'il parvint à reconnaître malgré son esprit qui divaguait dans tous les sens. Merde, elles ne s'étaient pas barrées? Bravo Paige, ça valait le coup de faire un sacrifice!

Sans qu'il comprenne comment ca se déroulait, il s'écroula sur le sol, face contre terre et son visage se tordit en une grimace de douleur; instinctivement, il eut la brillantissime idée de se retourner sur le dos pour éviter de venir infecter la plaie avec la poussière. L'homme était vraiment un animal qui luttait pour sa survie, il s'en rendait bien compte.

Bon, une analyse rapide de la situation était nécessaire...

*Allez Gordon, essaye de penser convenablement!*

Il était tombé, donc il était arrivé quelque chose à Julia. En un rapide coup d'oeil, il la vit emprisonnée par une espèce de grosse liane et il comprit aussitot. Mais quelle petite pouff' celle-là. Il sentit alors une caresse sur son visage et il détourna la tête. Elle se prenait pour qui celle-là? Elle avait de la chance qu'il était trop faible pour faire quoi que ce soit.

Par contre, ce qui suivit lui plut nettement moins. Ses sens décuplés perçurent tout de suite quelque chose venir effleurer sa gorge jusqu'à venir serrer plus fort. C'est pas vrai! Cette petite garce essayait de le tuer? Mais elle se prenait pour qui?

Un accès de rage remonta en lui, de ses tripes à son cerveau, lui redonnant une vision à peu près correcte. Son souffle se coupait peu à peu mais il sentit quelque chose de différent en lui. Quelque chose qu'il avait déjà ressenti une fois... dans le bar avec Peter! Aussitôt, la jeune fille en face se retrouva à son tour le souffle court et Gordon parvint à relever légèrement la tête, la fixant d'un air méchant. La pression sur sa gorge se fit de plus en plus faible jusqu'à ce que l'horrible végétal ne se fâne tandis que la gorge d'Elizabeth se serrait peu à peu. Il entendit un boum à côté de lui et comprit que Julia était débarassée de son lien végétal. En attendant, Gordon ne lâcha pas des yeux la petite prétentieuse, et il devait bien reconnaître qu'il adorait cette application de son pouvoir qu'il maitrisait peu. Ca faisait deux fois, comme avec Gray. Sauf que là, c'était plus long. La gamine porta la main à son cou, essayant tant bien que mal de faire quelque chose mais rien n'y faisait. Son corps s'éleva à une trentaine de centimètres du sol et encore un peu, et il la tuait.

Il se reprit à la toute dernière minute, rappuyant la tête contre le sol et la quittant du regard. Il l'entendit retomber violemment par terre en couinant. Non, il ne l'aurait pas tuée... Pas aujourd'hui. Toujours était-il que ce pouvoir était grisant. Il en avait oublié la douleur, qui ressurgit tout à coup. Comment avait-il pu faire ça alors qu'il était blessé?

Il se rappella alors que le jour où il s'était réveillé sans aucun souvenir, faible comme tout, il avait utilisé ses pouvoirs. A croire que dans la crainte, l'angoisse, il parvenait à développer des capacités jusqu'alors inconnues.

Il serra les dents et parvint tant bien que mal à se redresser, puis trébucha mais Julia le retint au dernier moment. Il la regarda, les yeux injectés de sang et des cernes sous les yeux, la peau couverte du mélange de poussière et de sang.

- On pourrait les tuer... mais si on... je suis mort.

Ils avaient déjà trop traînés. Cette petite peste ne pourrait pas se relever de sitôt vu comment elle haletait pour retrouver un semblant de souffle normal. Et Paige ne tenterait rien si elle avait un semblant de jugeotte. Après tout, il s'était ouvert le bide pour elle, ou presque, et il avait épargné cette morveuse pour elle aussi. Gordon esquissa ce qui aurait du être un sourire et s'appuya à nouveau sur Julia pour avancer direction l'hopitâl.

Julia observait la Tanissâr et la jeune fille et eu un moment d'hésitation qu'elle n'aurait pas dû avoir. Ce moment d'hésitation qui ne lui laissa pas le temps de réagir, car elle sentit quelque chose l'attraper par la taille et la soulever de terre, à plus de deux mettre du sol. En regardant plus attentivement, elle remarqua que c'était une sorte d'énorme racine et celle-ci ne comptait pas la lâcher. Elle lui serrait au niveau des hanches, l'empêchant d'esquisser le moindre mouvement pour s'enfuir. Elle ne pouvait saisir ses lames non plus, elles étaient coincées à sa ceinture. Ayant fait une rapide analyse de la situation, un autre réflexe lui vint alors. Ses yeux se baissèrent pour se poser sur Gordon. Celui-ci était tombé à terre mais avait l'air de ne pas sombrer, pas encore. C'est alors que Julia entendit une voix s'adresser à elle.

La mioche lui parlait comme si elle était maître de la situation. Julia baissa les yeux vers elle également, un regard qu'elle n'adressait habituellement qu'aux gens qu'elle comptait tuer d'ici quelques minutes. Un sourire mielleux se dessina sur ses lèvres et elle répondit d'une voix sarcastique :

- Si ce n'était pas trop serré je serais déjà redescendue te le dire moi-même.

En gros "évite d'être dans les parages quand je me libérerai, sinon je te tuerai". C'était Julia tout craché, elle était comme ça. Et cette petite l'agaçait par ses manières. Seulement, elle remarqua que celle-ci s'étouffait. Elle portait ses mains à sa gorge, essayant vainement de respirer, puis elle quitta également le sol, arrivant presque à sa hauteur. C'est alors que la racine géante relâcha sa prise et elle retomba au sol. Au dernier moment, elle se reprit afin de ne pas se tordre la cheville bêtement en tombant. Un rictus apparut sur ses lèvres lorsqu'elle leva les yeux vers la petite qui étouffait et qui retomba par la suite. C'est alors que quelque chose de plus urgent lui revenait en tête. Gordon. Julia retourna rapidement la tête. Le Gorgeône était à nouveau sur pieds mais faillit tomber. Elle le rattrapa de justesse et le tint fermement. Elle jeta un dernier regard à la petite peste mais la remarque de Gordon la fit renoncer à ce qu'elle voulait faire. Il avait raison, s'ils essayaient de combattre, il ne s'en sortirait pas vivant. Julia jeta un regard noir à Paige, comme pour la dissuader de s'approcher pendant qu'ils avaient le dos tourné, puis s'éloigna en direction de l'hôpital avec Gordon.

Elizabeth ne semblait pas de son avis et n'avait pas l'intention de partir. Cette gamine était une vraie plaie ! Paige se mordait les doigts de l'avoir aider à s'échapper tout à l'heure vu avec quelle stupidité cette dernière réagissait maintenant. Elle n'avait que 16 ans et pensait avoir le monde à ses pieds. Pas encore fini la crise d'adolescence ma grande... Elle ne savait pas ce qui se passait dans la tête d'Elizabeth mais quand celle ci l'insulta de trainée, Paige failli lui sauter à la gorge. Non mais qu'elle idiote ! Elles n'étaient pas dans le même camp, et ce n'était en aucun cas parce qu'Abby aimait bien cette peste que Paige allait en faire de même. Si besoin était, elle lui collerait même une sacrée raclée.

Mais Elizabeth se releva sans que Paige n'ait eu le temps de réagir et se dirigea vers les Gorgeônes. De mieux en mieux, maintenant elle devenait suicidaire ! Paige n'esquissa pas le moindre petit mouvement pour l'aider. Gordon était peu être mal en point mais Julia était en pleine forme et si elle pouvait coller une baffe à cette stupide gamine, ce serait avec joie ! Cependant, elle perdit rapidement son sourire lorsqu'une énorme racine sortit du sol et vint s'emparer de Julia. Cette garce aurait fait des progrès ? Paige observa Gordon tomber au sol et fixa Elizabeth. C'était quoi cet ultimatum ? Elle regarda vers le jeune homme au sol, une racine enserrait sa gorge. Elle se leva d'un bond et s'approcha d'Elizabeth. Elle s'était appercu que Julia avait réussit à se débarasser de ses liens et Paige se sentit très bizarre tout à coup. Elle baissa ses yeux sur sa jambe mais ça ne venait pas de là. Elle chauffait ! Ses mains étaient devenues rouges et elle sentait son pouvoir se manifester totalement hors de son contrôle.

Elle releva les yeux et vit Elizabeth, légèrement paniquée, ses yeux roulants, tenant sa gorge de ses mains. Puis elle fit un mouvement en avant, et des rafales de feu s'échappèrent de ses mains. Elle avait voulu contenir son pouvoir trop longtemps et aujourd'hui, toute la chaleur qu'elle avait accumulé sortait d'elle. La première rafale de flamme frola Elizabeth et vint carboniser les restes de racines autours d'eux. Elle appercu Julia prendre Gordon par le bras, et voyant le sang continuer de s'échapper par sa plaie elle cria.

- Dégage ! Barrez vous tous les deux !

La deuxième rafale de flammes fit son chemin directement sur Elizabeth. Heureusement, par un gros effort de volonté Paige parvint à stopper le feu avant qu'il ne touche la gamine qui toussait. Ses mains incandescantes balancèrent encore de la même facon une dizaine de jets de flamme autours de Paige qui prit soin de ne pas viser Gordon et Julia avant que tout redevienne à peu près normale. Sa jambe lacha et la jeune femme épuisée, se retrouva assise par terre. Jamais son pouvoir ne s'était montré avec tant de puissance... S'en était vraiment effrayant. Elle aurait pu sans le vouloir tuer toutes les personnes ici présentes. D'ailleurs son premier réflexe fut de vérifier l'état de Gordon. Elle tourna la tête et appercu les deux Gorgeônes au loin, qui s'éloignaient vers l'hôpital. Elle soupira. Au moins tout ca avait permis de faire diversion et de sauver les apparences. Elle passa sa main sur son front et reporta son regard sur Elizabeth. Elle se demandait qu'elle allait être la réaction de cette trainée. Après tout, Paige l'avait quasiment attaqué et avait failli la tuer.

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