En pleine nuit [PV Peter]

Il était tard, très tard même. Tout était calme et silencieux au dehors. C'était une belle nuit. Le ciel était très étoilée et la Lune observait la ville d'un brillant éclat. Un léger vent soufflait, mais il ne faisait pas aussi froid que d'habitude. Normalement, chaque soir, il fait extrêmement froid, mais dans un désert, c'est normal. La journée il faisait souvent une chaleur insupportable, et la nuit était glaciale. Ce jour-là, ça allait, c'était même plutôt agréable.

Dans le calme de la nuit, une jeune femme marchait d'un pas tranquille, les mains dans les poches de son blouson. Ses pas résonnaient dans les ruelles silencieuses et une brise vint soulever une mèche de ses cheveux. Elle les remit en place en regardant autour d'elle. Il n'y avait personne, et en plein milieu de la nuit, ça pouvait être inquiétant. Surtout pour une jeune femme. Mais Julia n'était pas du tout inquiète. La nuit et l'angoissant était plutôt son élément. Élevée avec les Gorgeônes, il ne pouvait en être autrement. Et puis vivre toute sa vie dans le métro sombre et humide, avec plein de personnes sans scrupule, ça raffermissant le caractère.^^' Alors la peur, Julia ne connaissait pas vraiment. Du moins pas sans raison.

De son pas tranquille, elle se rendit à Roseray Train, l'ancienne gare de la ville. Celle-ci était désaffectée depuis de bien nombreuses années, il n'y avait plus de rails, le bâtiment était en piteux état et seuls un ou deux wagons complètement hors d'état étaient encore là, près du quai. Julia s'assit sur le toit de l'un des wagons après l'avoir escaladé sans difficultés puis s'allongea pour regarder le ciel. Elle avait eu envie d'un moment de tranquillité, et l'ancienne gare avait pour elle été le meilleur endroit. Dans le Tube, elle en avait marre d'entendre les Gorgeônes aller et venir, et l'atmosphère était désagréable. Elle était même tendue depuis que les Tanissârs étaient arrivés. Cette guerre avait pris un drôle de tournant et tout cela se ressentait fortement dans leur QG. Leurs chefs essayaient toujours de trouver de nouvelles idées pour faire pencher la balance de leur côté, mais ça créait quelques fois des tensions. Et bien que les anciens lui avaient déconseillé de sortir après sa blessure, Julia n'en avait fait qu'à sa tête. D'ailleurs, elle était à présent guérie et elle ne voyait pas pourquoi elle resterait enfermée à rien faire, tourner en rond.

Couchée sur le dos, les bras sous la nuque, elle observait les étoiles qui semblaient lui faire des clins d'oeil, lorsqu'elle entendit des bruits de pas. Fronçant les sourcils, elle releva très lentement la tête pour observer les alentours. Se tenant prête à toute éventualité, elle aperçut une silhouette qui marchait dans sa direction.

Peter était debout, en plein milieu d'une ruelle peu accueillante. Un cri retentit, non loin de là. Cette voix... Il la connaissait... Le coeur battant à tout rompre, le jeune homme courut, pour se rendre à l'endroit d'où provenait le cri. Arrivé sur place, il s'arrêta, net. Face à lui se dessina une vision d'horreur : un gorgeône venait de transpercer, avec son épée, Jonessa, qui s'effondra, sans vie. Non loin de Jonessa, un autre Gorgeône observait sa victime : Paige, qui était morte, à ses pieds. Peter voulait crier, mais, c'était comme si on avait voler sa voix : aucun son ne sortit de sa gorge... Un autre gorgeône lui lança un regard noir, avant de dire qu'il allait tuer un par un tous les amis de Peter... A cet instant, la voix d'Aby résonna dans la ville. Peter, réalisant ce qui se passait, ne put que s'effondrer sur le sol, en larmes. Les Gorgeônes, quant à eux, étaient morts de rire. Après tant de combats, ils avaient finit par venir a bout des Tanissârs ! Ce jour sera un jour de fête pour eux, désormais. Un ennemi s'approcha, sans bruit, de Peter, et lui trancha la gorge, d'un geste vif et précis... Peter s'effondra sur le sol, dans son propre sang... Mort...

Ce fut sur ces visions apocalyptique que Peter se réveilla, en sueur, le coeur battant si fort qu'il aurait pu sortir de son corps... Depuis plusieurs jours maintenant, Peter faisait des cauchemars dans ce genre... Depuis plusieurs jours, Peter n'arrivait plus à faire des nuits entières. Il ne cessait de voir la mort de ses ami(e)s, et de voir, lui, impuissant pour les sauver... L'horreur. Le jeune homme se leva, sans bruit, pour ne pas réveiller Jonessa, qui semblait dormir en paix. Il la contempla quelques instants. Elle paraissait si sereine, en cet instant précis. On pourrait presque croire que la guerre dans laquelle ils étaient plongés depuis quelques mois maintenant n'était qu'un fruit de leur imagination. Il n'y avait qu'a voir le sourire apaisé qui se trouvait sur le visage de la blondinette pour douter de la réalité de tout ça... Mais, un regard par la fenêtre suffit à Peter pour le ramener dans le monde réel... Il poussa un léger soupir. Il se mit ensuite en jean/tee-shirt, et veste, pour finir dehors. Il avait l'impression d'étouffer, dans sa chambre. Et, de toute façon, il savait qu'il ne pourrait pas se rendormir aussi facilement que ça. S'il tentait de se recoucher, il le savait, il finirait par tourner en rond, au point de réveiller Jonessa. Et vu qu'elle semblait bien dans ses rêves, il ne voulait surtout pas en arriver à là !

Peter se mit à marcher au hasard, sans but précis. C’était totalement imprudent, mais bon, Peter avait perdu sa prudence, depuis bien longtemps, maintenant… Le jeune homme savourait le temps, agréable, de la nuit. Pour une fois qu’il ne faisait pas un froid de canard, c’était à noter dans les annales ! Sans même s’en rendre compte, Peter se retrouva dans l’ancienne gare désaffectée de la ville. Il observa alors le train en piteux étant, pensif, quand il aperçut une silhouette, allongée sur le toit d’un wagon. Et oui, la lune brillait pas mal, ce soir, alors, ça aidait bien ! Peter arqua un sourcil. Qui était donc ici ?

« J’’irais pas par 4 chemins : qui est là ? »

Il avait parlé d'une voix claire, et assez forte, afin de se faire bien entendre. Il espérait que ça ne soit pas un(e) ennemi(e), car se battre, aussi tard que ça, ça n'était pas son délire... Il croisa les bras, attendant une réponse.

Au fur et à mesure, la silhouette s'agrandissait sous ses yeux, les bruits de pas se rapprochaient. Julia n'arrivait pas à reconnaître la personne qui s'avançait droit vers elle, elle se tenait alors prête à sortir ses lames à n'importe quel moment, au cas où. Enfin, la personne arriva plus près, un homme. Et lorsqu'il fut assez près, la lumière de la Lune éclaira son visage. C'était l'un des Tanissârs, elle le savait. Elle l'avait déjà vu, pas en personne, mais dans une vision lorsqu'elle avait touché quelqu'un. D'après ses informations, le jeune homme était le moins sûr des Tanissârs en ce qui concernait son propre clan. Du moins, si elle ne faisait pas une lourde erreur. Avec un léger sourire en entendant sa voix, elle se redressa en position assise tout au bord du wagon puis croisa les jambes tout en le regardant. Elle ne savait pas son nom, mais qu'importe, elle savait qui il était tout de même. Assise sur le bord, elle répondit :

- Julia.

Il n'avait pas besoin d'en savoir plus, rien ne pressait. Sûrement ne voyait-il pas son visage puisque la lumière de la Lune était derrière elle et ne l'éclairait pas. Il ne pouvait donc pas savoir que c'était une Gorgeône, même si elle n'allait sûrement pas cacher cette information. Elle comptait au contraire jouer franc jeu avec lui, et essayer elle aussi de l'attirer un peu plus vers le mal. Enfin, elle verrait bien. Elle pourrait tout aussi bien finir par le tuer, mais elle ne savait pas quels étaient ses pouvoirs. Du moins pour l'instant. Julia resta ainsi à l'observer quelques longues secondes, puis sauta du wagon, ratterissant juste devant lui. Elle se releva lentement et croisa son regard. On pouvait facilement voir que Julia n'était pas descendue dans le but de se battre. Son visage n'exprimait pas l'hostilité, au contraire, elle affichait un petit sourire, à la fois amusé et plus simplement poli.
La jeune Gorgeône s'approcha, tout près du Tanissâr puis demanda d'une voix douce :

- Et toi, t'as sûrement un nom mon chou ?!

Elle lui adressa un clin d'oeil. Elle usait de ses charmes peut-être simplement pour le tester, ou pour voir comment elle devrait agir avec lui. Julia était une jeune femme charmante, elle pouvait très bien jouer ce petit jeu quand elle le voulait. Même si en général, elle préférait être directe et tuer directement. Là ce n'était pas pareil. Elle ajouta d'un air plus sérieux :

- C'est pas prudent pour toi de te balader seul la nuit. Que diraient tes amis si tu te faisais tuer juste parce que tu prenais l'air ?

Elle lui adressa un regard éloquent qui montrait qu'elle ne voulait pas le tuer, du moins pour l 'instant, mais qu'elle en serait très capable si elle le voulait. Ses lames luisaient à sa ceinture, légèrement cachées par son blouson. La jeune femme dégagea une mèche de cheveux de devant son visage et observa le jeune homme.

Peter tentait de voir le visage de la personne allongée sur le toit d'un wagon, mais la lune était derrière cette personne, donc, il ne voyait pas son visage, ne voyant que son ombre. Il priait intérieurement pour que ça ne soit pas un adversaire potentiel, car l'idée de se battre, à cette heure-ci n'était pas vraiment pour lui plaire ! Mais bon, s'il le fallait, Peter n'allait pas se laisser faire, il n'était pas sucidaire, non plus ! Le jeune homme, bien qu'il ne maîtrisait pas bien les art martiaux, était tout de même un assez bon combattant. Il parvenait à maîtriser quelques techniques. Et, son pouvoir, sa force surhumaine, lui permettait de se sortir des combats, en général. Malgré tout, il n'était pas si rassuré qu'il tentait de le faire paraître ! Mais, ça, il ne l'avouerait pas ! En effet, avouer qu'on craignait de se battre, et surtout, de mourir, ça ne se faisait pas, surtout pas si on se trouvait face à un ennemi potentiel ! L'inconnu(e) s'asseya, et lui répondit enfin, lui faisant savoir qu'elle s'appelait Julia. Oulà, là, si jamais c'était une ennemie, Peter était mal barré. Pourquoi ? Simplement parce que Pete avait encore des principes, comme :"se battre comme une fille, c'est mal !" Non pas que les filles ne soient pas douées pour le combat ! Sa soeur et Aby se battaient parfaitement bien. Mais, il n'aimait pas lever la main sur une femme, c'était aussi simple que cela ! La jeune femme sauta, pour se retrouver face à Peter. Elle se releva lentement, puis croisa le regard du Tanissâr, pour finir par lui demander, en lui faisant du charme, son nom. On ne pouvait pas dire que Julia n'était pas belle, loin de là, elle était charmante, vraiment. Mais, Peter était sérieux ! Et surtout, bien trop amoureux de Jonessa pour se laisser faire ainsi. Il esquissa donc un sourire amusé, en répondant, d'une voix neutre :

"Peter..."

Bon, là, Julia devait avoir comprit que son petit numéro de charme n'avait aucun effet sur lui. Autant que les choses soient claires dès le départ ! Peter doutait de son camp, mais pas de son amour pour Jonessa. Au contraire, c'était même l'une des seules choses pour laquelle il était sûr, donc ! La jeune femme prit de nouveau la parole, pour lui faire savoir qu'il n'était pas prudent de se balader seul, de nuit. Ca, il le savait bien. Mais bon, Peter et la prudence, on ne peut pas dire qu'ils étaient en bons termes, en ce moment ! ^^ Il haussa les épaules, tout en répondant :

"Je sais ! Mais je sais aussi me défendre !"

Comme dit précédement, Peter n'était pas le meilleur combattant de son clan, mais il avait un pouvoir assez... Imposant, et blessant, donc... Et puis, quitte à mourir, il vendrait chèrement sa peau, faîtes-lui confiance ! Le jeune homme décroisa ses bras, pour mettre ses mains dans les poches de son jean. Il observa la jeune femme, comme pour tenter de savoir dans quel clan elle était. Il l'avait déjà croisé, mais... Il l'avait juste croisé, donc... Bref, il n'aimait pas ignorer s'il avait affaire à une ennemie ou non, il décida de le lui demander.

"De toute façon, aies-je des raisons de te craindre ? Vas tu tenter de m'attaquer ?"

Il arqua un sourcil, perplexe. Ca n'était pas parce que la jeune femme semblait angélique qu'on ne devait pas la craindre pour autant !

Bien, il ne réagissait pas à son petit numéro, pas grave, Julia ne se démontait pas pour autant. D'ailleurs il lui en fallait beaucoup pour la démonter. Le jeune homme se présenta, Peter. Oui, elle avait déjà entendu ce nom quelques fois, elle avait également aperçu presque tous les Tanissârs, mais de là à mettre le bon nom sur le bon visage...Enfin, ça commençait à venir. Malgré son ton neutre, Peter avait esquissé un sourire, il était donc un minimum ouvert à la discussion. C'était une bonne chose, pour elle comme pour lui. Quelqu'un de totalement antipathique l'aurait peut-être énervée et elle en aurait vite fini avec lui.
La jeune Gorgeône esquissa également un sourire amusé à sa remarque. Elle dit simplement :

- Oh, je n'en doute pas...

Il est vrai que les Tanissârs, même s'ils étaient quelque peu novices dans cette guerre, apprenaient vite. Malheureusement pour ces petits prodiges, ils avaient affaire à des adversaires expérimentés. C'était d'autant plus difficile pour eux qu'ils n'avaient jamais connu la guerre. Julia, elle, y était depuis toute petite. La seconde remarque du jeune homme élargit son sourire. Elle eut un air malicieux puis répondit gentiment :

- Ça, ça dépendra de toi...

Julia avança de quelques pas, lui tournant autour d'un pas lent, mais sans mauvais intention. Simplement pour marcher, peut-être aussi pour l'évaluer. Enfin, elle s'arrêta à nouveau devant lui pour ajouter :

- Mais pour être franche avec toi, j'ai aucune envie de me battre ce soir. Et puis...ce serait dommage de devoir tuer quelqu'un d'aussi mignon.

Eh bien oui quoi, il était mignon, copine ou pas. Et puis Julia s'en fichait de ce détail-là. Avec sa main, elle caressa doucement la joue de Peter puis était sur le point de la retirer lorsqu'elle une vision l'envahit. Son visage se figea, elle ne bougea plus pendant plusieurs secondes, ses pensées partant dans un tout autre endroit. Un combat entre Peter et...Gordon. Julia voyait de quoi le jeune homme était capable, ce qu'il savait faire, sa force incroyable. Puis les images s'estompèrent et elle refit surface. Elle retira enfin sa main puis dit d'un air amusé :

- Et surtout, j'aurais peut-être du mal à faire le poids d'après ce que j'ai vu !

Je vous avais dit que Julia allait jouer franc jeu. Non seulement elle avouait qu'elle ne ferait pas le poids, mais cette affirmation l'aiderait à comprendre qu'elle venait de voir quelque chose de son passé ou qu'elle n'avait pas un pouvoir qui égalerait le sien.

Bon, visiblement, Julia n'avait pas dans l'intention d'attaquer Peter. Sinon, ça serait déjà fait depuis longtemps. Et puis, elle n'avait pas un regard hostile, c'était donc bon signe. Ca ne signifiait pas pour autant que Peter ne restait pas sur ses gardes ! Julia pouvait très bien être une alliée, comme une ennemie. Dans le second cas, elle tentait, sans doute, de gagner la confiance du jeune homme, pour l'attaquer quand il ne s'y attendrait plus... Bref, Peter ne voulait pas se faire avoir ainsi, donc, bien qu'il affichait un air détendu, il restait sur ses gardes, prêt à réagir, à la moindre attaque. Il lui fit savoir qu'il savait très bien se défendre, et elle lui répondit qu'elle n'en doutait pas, ce qui amusa Peter. Ben quoi, c'était marrant, de parler, comme ça, dans une situation de guerre, sans vraiment savoir si elle était "gentille". Peter se contenta d'esquisser un sourire. Il n'allait pas non plus lui sortir un truc du genre :"Ouais, j'suis trop doué!" D'une, car ça n'était pas le cas, il n'était pas super bon au combat. Et, de deux, parce qu'il n'était pas vantard ! Voilà tout ! Il lui demanda ensuite si elle comptait l'attaquer. Elle sourit, et parla, gentiment, il faut l'avouer, pour lui dire que ça dépendra de lui. Ben comme ça, c'était tout vu : Peter ne voulait pas se battre contre une femme, donc ! Il n'allait pas lancer les hostilités. La jeune femme se mit ensuite à lui tourner autour. Peter la suivait du regard, toujours sur ses gardes. De nouveau face à lui, elle reprit la parole. Visiblement, il n'était pas le seul à n'être pas d'humeur pour se battre, ce soir ! Elle ajouta même qu'elle trouvait dommage de tuer quelqu'un d'aussi mignon. Ce compliment fit sourire Peter. Ben ouais, il était comme tout le monde, quand on lui disait un truc de ce genre, ça faisait toujours plaisir !

"Nous sommes donc deux à ne pas vouloir se battre ce soir ! On a sans doute des points communs !"

Elle se mit ensuite à lui caresser quelques secondes la joue, ce qui surprit Peter. Il arqua un sourcil, quand elle retira sa main, puis qu'elle prit la parole. Quoi ? Elle avait vu quelque chose ? Son pouvoir, c'était ça ? Voir des choses, par simple contact physique ? Pas mal, comme pouvoir !

"Ton pouvoir t'as permit de voir le mien ?? Impressionnant !"

Ben ouais, il était franc. Un tel pouvoir, ça pouvait aider à mieux cerner ses ennemis !

"De toute façon, t'inquiète pas, j'ai horreur de m'en prendre à des femmes ! Non pas que je les sous-estime ! C'est une simple question de respect !"

Et oui, Peter était assez bien, au fond, bien qu'il soit attiré par le... Côté obscur de la force ! XD

"Dis-moi... Tu faisais quoi, seule, dans un tel endroit ?"

Il contourna la jeune femme, pour aller s'asseoir par terre, le dos contre un wagon, fixant la brunette.

Peter avait raison de rester sur ses gardes. La première impression qui émanait de Julia quand on la voyait, c'est qu'elle avait l'air d'un ange. Une vraie gueule d'ange, avec son visage doux et fin, ses yeux d'un bleu profond. Mais elle était la preuve vivante qu'il ne fallait pas se fier des apparences. Elle pouvait avoir l'air chétive, voire fragile, mais elle savait extrêmement bien se défendre. Évidemment, elle ne ferait pas le poids contre la grande force de Peter, mais il y avait d'autre façon de combattre en cas de besoin. Peter était fort, mais sûrement pas invincible. Enfin, tout cela c'était des détails, elle ne comptait pas se battre, à moins que ça ne s'avère nécessaire.

Après son "compliment", Peter esquissa un sourire puis lui dit qu'il n'avait pas non plus envie de se battre. Ça tombait bien. Elle gardait un petit sourire, jusqu'à ce qu'elle ait sa vision. Dans ces moments, son visage se tendait et son regard était lointain. Mais lorsqu'elle fut revenue à elle, elle dit quelque chose, ce à quoi Peter parut étonné et aussi impressionné. Il le dit lui-même. Julia fit une petite moue amusée puis répondit :

- C'est un peu plus compliqué que ça, mais oui, j'ai vu ce que tu étais capable de faire.

Puis Peter poursuivit en disant qu'il n'aimait pas se battre contre les femmes. Il ajouta immédiatement pourquoi. En effet, les hommes avaient parfois du mal à se battre contre une femme, ce qui faisait le point fort de Julia, car elle était également plus jeune, et certains adoucissaient leurs coups contre elle, alors elle en profitait. Elle répliqua :

- Pourtant il va falloir t'y habituer. Ici, le respect ne fait plus la loi. Une femme n'hésiterait pas à te trancher la gorge, et c'est ce que j'aurais dû faire normalement en te reconnaissant.

Bon, au moins il savait qui elle était désormais. Julia ne voyait pas comment être plus explicite à vrai dire, à moins de lui faire un dessin. Mais sa phrase n'était pas agressive. Elle avait bien dit qu'elle "aurait" dû le faire, mais elle avait également affirmé qu'elle ne le voulait pas.
La jeune femme le regarda s'asseoir puis vint se positionner à côté de lui, les genoux remontés contre sa poitrine. Elle ne tourna pas la tête pour lui répondre, au contraire, elle l'appuya contre le wagon et regarda en l'air, en direction de la Lune.

- Oh, disons que j'avais envie de prendre un peu l'air...

Julia observa un long moment le ciel étoilé sans rien dire, contemplant simplement l'étendue au-dessus de sa tête. Les anciens lui auraient déjà passé un savon s'ils savaient qu'elle regardait le ciel en compagnie d'un Tanissâr au lieu de le tuer. Enfin, peut-être penseraient-ils qu'elle essayait de le mettre dans leur clan ou de lui soutirer des informations, ce qui n'était pas totalement faux. Julia agissait toujours pour les Gorgeônes, même dans un moment comme celui-là.
Seulement, une toute autre question lui vint en tête. La jeune femme eut une sorte d'idée d'évasion, loin de cette guerre, loin de ces conflits. Elle demanda, sans quitter le ciel des yeux :

- C'était comment là d'où tu viens ?

Julia était née à Nohrastiliân, comme presque tout le monde, et elle n'avait jamais vu quoi que ce soit d'autre. Elle n'avait vécu que la guerre, que les horreurs, on lui avait très tôt appris à se battre. Pour elle, il n'y avait que ça qui existait. Mais depuis l'arrivée des sept amis, elle s'était déjà posée la question. Comment c'était au-delà de cette ville ? Elle avait envie d'en savoir plus.

La soirée était trop belle pour se battre, de l’avis de Peter. Nan, je vous rassure, il n’était pas si bête que ça, pour ne pas vouloir se battre, juste à cause du temps. Il avait commencé à s’habituer à sa nouvelle vie, a devoir se battre, quand il le fallait, la plupart du temps, lors de combat « inattendus ». Et, pour défendre sa vie, Peter avait du se battre. Après tout, quand on se retrouve face a un puissant adversaire, on ne réfléchit pas trop. On pense juste à une chose : c’est lui, ou moi… Et vouloir survivre donne des forces, même aux plus récalcitrants des combattants. Peter, de toute sa vie, avait toujours refusé de se battre. Il estimait que ça n’était pas la meilleure solution, pour arranger les problèmes. Bon, OK, quand il avait dû se battre, parce qu’on l’avait frappé en premier, Peter ne se faisait pas prier pour rétorquer. Bah ouais, il avait un honneur, tout de même. Mais, jamais il n’avait provoqué un combat. Chose qui avait changée, avec son arrivée ici. Et oui, parfois, quand il reconnaissait un ennemi, il n’hésitait pas à l’attaquer, sous peine de se faire attaquer avant… Son dégoût du combat était toujours présent, mais Peter n’avait pas le choix. Il était désormais en pleine guerre, et ne pouvait pas rester, sans rien faire. Non seulement, Peter avait dû prendre sur lui pour se battre, mais, en plus, parfois, il prenait plaisir a se battre. Et oui, il avait bien changé. Au revoir le gentil étudiant, et bienvenue le torturé Peter, qui ne trouvait pas que la voix emprunté par les Tanissârs était la meilleure. Plus le temps passait, et plus les idéaux qu’on lui demandait de défendre lui semblait absurdes… D’ailleurs, ça n’avait pas échappé à Gordon Price, qui avait tenté, à plusieurs reprises, de l’amener parmi les « ennemis ».

Julia avait réussit à « voir » le pouvoir de Peter, grâce au sien, ce qui impressionna Peter. Bah ouais, on a beau vivre ici depuis quelques temps déjà, et on peut toujours être impressionné par les pouvoir qu’on y trouve ! Et oui, tout est possible ! Peter confia ensuite qu’il n’aimait pas se battre contre les femmes. Dans la mesure du possible, il évitait tout affrontement avec une femme. Bon, quand il y était obligé, il se battait, mais tentait toujours de ne pas être trop… Brutal… Et oui, il avait une sainte horreur de lever la main sur une femme, donc… Enfin, quand sa vie était en jeu, Peter se montrait bien moins pénible. Là, il n’hésitait pas a tout donner, pour survivre. Mais, suite a un tel combat, il en ressortait, profondément marqué, et n’arrivait pas à en dormir, plusieurs nuits de suite… Julia lui fit remarquer qu’avoir une telle réticence à se battre contre une femme était bien dangereux, ici. Elle ajouta même qu’elle aurait dû lui trancher la gorge, en le reconnaissant. Peter arqua un sourcil. Voilà, désormais, il avait la confirmation des doutes qu’il avait bien pu ressentir : Julia était une Gorgeône. La question était de savoir maintenant pourquoi elle ne l’attaquait pas… Peter décida de ne pas poser une telle question, après tout, il verrait bien plus tard. Pour l’instant, Julia semblait de bonne humeur. Mais, malgré tout, Peter resta sur ses gardes. Ben ouais, il était prudent, parfois, notre ami !

« Je sais ! Quand j’y suis obligé, je me bats contre une femme, mais si je peux éviter… »

Il ne finit pas sa phrase. De toute façon, il avait tout dit. Les combats contre les femmes, pour lui, c’était seulement quand il ne pouvait pas les éviter. Et, en l’occurrence, ce soir, s’il pouvait éviter de se battre contre Julia, ça lui irait très bien ! Peter alla ensuite s’asseoir, bientôt imité par Julia. Il lui demanda comment ça sa faisait qu’elle était ici. Elle lui répondit, en observant le ciel. Un silence survint ensuite. Peter resta songeur. Ses proches n’apprécieraient pas de savoir qu’il était avec une ennemi. Déjà qu’on n’aimait pas trop qu’il parle avec Gordon… Enfin bref… Julia brisa le silence, pour demander à Peter de parler un peu plus de l’endroit d’où il venait. Il esquissa un léger sourire, triste.

« C’est… Tranquille, comparé à Nohrastiliân… On peut sortir, à n’importe quelle heure, sans avoir peur de se faire attaquer. C’est en meilleur état que la plupart des bâtiments qu’on trouve ici, aussi… Dans les grandes villes, y’a des bâtiments immense… Des boutiques partout… Et on n’est pas en manque d’eau… C’est pas le paradis non plus, car y’a la guerre, dans certains endroits, mais, ça peut aller… Il n’est pas rare d’entendre des gens rire… »

Ben ouais, ici, rire, c’était rare… Le jeune homme poussa un léger soupir. Reparler de tout ça lui était douloureux.

« T’as jamais eu envie de partir ? »

Ah pour ce qui était des combats, on pouvait dire que Julia ne se gênait pas pour les provoquer elle-même. On lui avait toujours appris à agir la première, ce qui créait l'effet de surprise. Elle avait toujours connu cette façon de vivre, alors pourquoi changer ? Elle vivait au milieux de cette ambiance de guerre, de combats, d'angoisse et de suspicion. Les Gorgeônes pouvaient être considérés comme les responsables puisqu'ils étaient ce qu'on appelle le mal dans un monde manichéen. Mais que considérait-on vraiment comme bien ou mal après tout ? Les idéaux des Gorgeônes et leurs principes ne méritaient-ils pas aussi qu'on se batte pour eux ? C'était en tout cas ce que pensait Julia. D'ailleurs, les Menissiors n'hésitaient pas à tuer eux aussi pour faire régner le bien, alors prendre des vies pour que règne la paix, ce n'était pas un peu contradictoire ? Il y avait de quoi être perdu, et c'était normal que PEter commence à douter, même si ses amis étaient là pour "sauver le monde". On pouvait avoir des amis et des opinions divergentes.

Effectivement, il était à présent sûr qu'elle était une Gorgeône. Et il se demandait pourquoi elle ne l'attaquait pas, ce qui était normal. Mais Julia avait plusieurs raison. Elle n'avait tout simplement pas envie de se battre, mais aussi, elle avait appris que l'un des Tanissârs doutait, et si c était lui, elle pourrait très bien lui donner envie de rejoindre son clan. Et puis, si ce n'était pas lui, elle pourrait toujours essayer de lui soutirer des informations. Et si à la fin de la soirée elle n'avait aucun résultat, elle finirait peut-être par le tuer. Enfin, elle n'en savait rien, et pour l'instant, elle n'en avait pas l'intention. L'avenir était très mystérieux, et même les gens qui ont des visions de l'avenir l'affirmeraient.

Julia entoura ses genoux de ses bras et écouta la réponse de Peter. Tournant la tête vers lui, elle s'imaginait ce monde qu'elle n'avait jamais vu. Ou du moins, elle essayait. Il était difficile de se figurer des choses qu'on avait jamais connues. La jeune femme était ici depuis toujours, que connaissait-elle de ce qu'il y a au-delà de ce désert ? Elle essayait de s'imaginer les grands immeubles, les gens qui se respectaient dans la rue, sans se jeter les uns sur les autres parce qu'ils étaient ennemis. Elle se demandait ce qu'était un monde sans guerre continuelle. Puis PEter lui posa sa question. Julia posa son regard d'un bleu perçant, brillant, dans les yeux du jeune homme et parut réfléchir. Après quelques secondes, elle finit par répondre dans un haussement d'épaule :

- En fait, avant que vous arriviez, toi et tes amis, j'y avais jamais réfléchi...

Elle regarda à nouveau devant elle, retournant à ses réflexions. Pendant une fraction de secondes, elle s'imagina ailleurs, loin de ces combats, avec ses parents encore en vie. Cet évènement avait été celui qui avait décidé de son camps, puisque les Menissiors n'avaient pas hésité à les tuer devant ses yeux. Devant les yeux d'une petite fille encore innocente. Elle se retourna vers Peter, voyant le fameux tatouage sur son poignet puis ajouta :

- Mais maintenant je me dis que j'aurais peut-être pu avoir une belle vie avec ma famille si j'avais vécu ailleurs. Cette guerre me l'a enlevée, alors je ferai tout pour y mettre un terme. Elle ne m'enlèvera pas ma deuxième famille, j'y suis décidée !

Elle ne voulait pas abandonner les Gorgeônes, c'était au-dessus de ses forces. Sans la plupart des membres de ce clan, elle ne sait pas ce qu'elle serait devenue, surtout Eric avec qui elle était très proche. Évidemment, comme dans toute famille, il y a des membres qu'on apprécie un peu moins, mais on ferait quand même tout pour les protéger. C'était ça les principes des Gorgeônes, ne jamais s'abandonner, et prendre des risques pour les autres. Ils usaient peut-être un peu plus de violence que les Menissiors, mais ils avaient des idéaux bien précis.

Peter ne put s'empêcher de se replonger dans ses vieux souvenirs. Il se revoyait, avec ses parents, faire les achats, pour Noël. Ils déambulaient, dans les boutiques, a la recherche des décorations qui devaient embellir leur maison. Peter se revit ensuite, avec sa soeur, chez Abby, lors d'une soirée d'anniversaire. Ca avait été la meilleure soirée qu'il avait bien pu passer avec ses ami(e)s. Il repensa ensuite à sa première rencontre avec Jonessa. Il était rapidement tombé sous son charme. Peter se revit ensuite, à l'hôpital, apprenant la mort de ses parents. Ce jour, il l'avait toujours bien gravé dans sa mémoire, secondes par secondes. Il s'en rappelait dans les moindres détails. Il avait même l'impression de sentir l'odeur qui flottait dans les allées de l'hôpital. Le jeune homme poussa un soupir, pour chasser ce mauvais souvenir. Ca ne servait à rien de repenser au pire jour de sa vie, nan ? De toute façon, maintenant, il était ici, dans ce qu'il appelait un "Charmant Enfer". Et oui, pour lui, Nohrastiliân était un véritable enfer, mais bon... Il observa le lointain, perdut dans ses pensées.

Il sortit de ses pensées, pour interroger la jeune femme. Alors qu'elle était en train de réfléchir à sa réponse, Peter se reperdit quelques secondes dans ses pensées. Il ne put s'empêcher de revoir divers jours marquant dans sa vie, comme la remise des diplômes... Il revint sur terre, avec la voix de Julia. Elle lui dit alors que la guerre lui avait enlevé sa famille. Peter esquissa un sourire de compassion. Il savait ce que c'était, que de perdre des gens cher. Sa propre famille. Bon, OK, il ne les avait pas perdu à cause d'une guerre, mais a cause d'un accident de voiture... Mais, la douleur était la même. Le sentiment d'une mort injuste... Ce sentiment, Peter l'éprouvait toujours. D'ailleurs, si jamais il se retrouvait face à l'autre voiture qui avait percuté celle de ses parents, il y avait fort à parier que Peter perde tout ses moyens... Enfin bref ! Il fixa l'horizon, songeur. Décidement, tout le monde avait souffert de cette guerre : Gordon avait perdu 5 ans de sa mémoire, et Julia avait perdue ses parents...

"Ca nous fait un point commun, la perte de notre famille..."

Il se leva. Les mains dans les poches, il se mit à donner un coup de pied dans un caillou qui se trouvait en face de lui. Le caillou atterit sur un wagon.

"Est-ce que quelqu'un est déjà partit d'ici ?"

On lui avait dit que c'était impossible de partir d'ici, mais peut-être que Julia connaissait quelqu'un qui avait accomplit l'exploit de quitter la ville. Il se mit face à la jeune femme, les bras croisés, attendant une réponse de sa part, comme si elle allait le sauver de cet enfer...

Peter avait de la chance, il avait une foule de bons souvenirs. Des souvenirs heureux avec ses amis, sa famille. Julia, elle, les avait perdus très tôt, et même si elle passait de bons moments avec ses amis, comme Eric, il y avait toujours ce souvenir, cette mauvaise sensation qu'ils étaient en guerre et qu'ils n'avaient pas le temps de rigoler. Ils devaient toujours être sur le qui vive, toujousr être prêt pour n'importe quelle mission ou combat. Cette guerre était une épreuve de tout instant, il ne fallait jamais baisser sa garde car notre vie était en jeu. D'ailleurs, la jeune femme guettait les moindres mouvements de Peter. Il avait dit qu'il ne voulait pas se battre non plus, mais elle le surveillait du coin de l'oeil, discrètement.

Effectivement, on perdait beaucoup de choses dans une guerre. Toutes les personnes qui y participaient, volontairement ou non, avaient quelque chose à perdre, et pour la plupart, c'était des êtres chers. Gordon, lui, avait perdu plusieurs années de sa vie, d'autres encore pouvaient perdre la vie, simplement. C'était cruel, mais c'était ainsi. Julia ne s'étonnait plus de tout cela, mais le sentiment d'injustice qui régnait lorsqu'elle pensait à ses parents était toujours présent. Elle s'en voulait de ne pas avoir pu les aider, mais comment aurait-elle pu faire, elle n'avait que 5 ans à cette époque. Alors qu'elle pensait à tout cela, Peter lui dit qu'ils avaient un point commun. Apparemment il avait aussi perdu sa famille, elle savait que ce n'était pas facile. Mais elle ne dit rien, ne montra aucune compassion. Julia montrait rarement ce qu'elle ressentait, encore moins à un inconnu du clan ennemi.

Julia l'observa se relever et donner un coup de pied dans un caillou. Sa question ne l'étonna pas vraiment. Lui et ses amis ne devaient penser qu'à ça à longueur de journée. Ils étaient coincés ici à présent, alors qu'ils venaient d'un monde complètement différent, qui n'était pas constamment en guerre et où personne ne possédait de don particulier. Personne qui bougeai les objets par la simple force de l'esprit, qui brûlaient tout sur leur passage ou qui étaient capables d'arrêter le temps. C'était quelque chose d'inconnu chez eux, de la science-fiction.
Julia esquissa un mince sourire.

- Je crois pas non. A part peut-être les Puissants, mais là encore j'en suis pas sûre...

Après tout, elle ne savait pas exactement de quoi ils étaient capables, elle évitait autant que possible de se frotter à eux, à moins qu'elle n'y soit forcée. Mais elle savait que l'un d'eux pouvait courber le temps, peut-être même aussi l'espace, et qui sait, s'il avait fait venir les Tanissârs, il pouvait sûrement les faire repartir.

Alors qu'elle réfléchissait à tout cela, elle entendit des éclats de voix un peu plus loin. Elle les reconnut immédiatement, des voix de Gorgeônes. Dans un réflexe extraordinaire et d'une habileté étonnante, elle se leva et attrapa Peter par derrière pour le pousser derrière le wagon, à l'ombre de celui-ci. Elle appuyait d'une main contre son torse pour qu'il reste contre le wagon tandis que son autre man était posée sur ses lèvres pour qu'il ne dise rien. Elle le regarda, remuant ses lèvres pour dire :

- Chut, pas un mot...

Elle faisait ça pour lui autant que pour elle. Si les Gorgeônes les voyaient là, ils tueraient immédiatement Peter et Julia serait punie de ne pas avoir agi, même si elle était un très bon membre du clan. Surtout que ces deux-là étaient de très bons combattants et on ne doutait jamais de leur parole. Alors imaginez le poids de leur version des faits face à la version d'une gamine de 19 ans. En tout cas, elle préférait ne pas prendre de risque, surtout qu'ils pourraient en finir vite fait avec Peter étant donné qu'ils faisaient un excès de zèle ces derniers temps. Heureusement pour eux, aucun des deux n'avaient un pouvoir leur permettant de voir les deux jeunes gens qui se camouflaient dans l'ombre du wagon. Tant qu'ils ne bougeaient pas, ils ne se feraient pas remarquer.

Julia les regardait passer sans un mot, gardant sa main sur la bouche de Peter pour être certaine qu'il ne dise rien. Elle n'appuyait pas fort, juste assez pour qu'il ne s'imagine pas que c'était une attaque de sa part et qu'il ne veuille rien faire de stupide. Soudain, une vision l'assaillit, elle voyait Peter dans son monde, dans une jolie maison, avec sa copine. C'était une Tanissâr elle aussi, elle l'avait déjà vue. Lorsque la vision s'arrêta, elle observa encore une fois les alentours pour être sûre qu'il n'y avait plus personne. Quand elle fut persuadée qu'il n'y avait plus aucun danger pour lui comme pour elle, elle ôta sa main et le regarda d'un air presque amusé.

- Désolée, valait mieux pour nous deux qu'ils nous voient pas.

Etre propulsé dans un monde en guerre, ça n'était pas facile. Peter avait toujours eu la chance de vivre dans un pays en paix. La guerre, il en entendait parler, mais c'était au loin. Il n'avait jamais rien eu a craindre. La pensée même de devoir prendre les armes un jour ne lui avait jamais effleuré l'esprit. Alors, lorsqu'il s'était retrouvé ici, et que certains lui avaient dit qu'il avait des pouvoirs, et qu'il devait combattre, avec ses ami(e)s, pour la paix, il avait été fortement éprouvé. Il devait maintenant faire avec l'idée de mettre sa vie en jeu, pour défendre ce qu'on lui avait présenté comme étant une cause juste. Et il devait aussi s'habituer à vivre avec un pouvoir. Une force surhumaine. Pff, jamais il n'aurait crût ça possible. Les seules fois où il avait entendu parler de pouvoirs surnaturels, c'était en lisant des comics, ou bien des romans. Il avait grandit en lisant X-Men. Pour lui, avoir de telles facultés relevaient plutôt de la fiction que de la réalité. Et là, il devait vivre avec, se faire à voir toutes ses idées s'effondrées. Toutes ses convictions s'étaient évaporés comme un château de cartes. En l'espace de quelques jours. Juste le temps que la réalité de cette ville prenne le dessus sur ce qu'il croyait. Ca n'était pas un rêve. Loin de là. Et c'était encore moins le paradis. Oui, pour certains, avoir un pouvoir avait des aspects paradisiaque. Ca avait été le cas, au départ, pour Peter. Depuis quelques temps, son paradis ressemblait plus à un enfer. A vrai dire, c'était depuis qu'un de ses amis était mort. Et oui, dans de tels cas, on réalise alors que tout n'est pas idylique... Alors, oui, l'idée de partir d'ici avait soufflé effleurer l'esprit de Peter. Non pas par lâcheté, n'allez pas le faire passer pour un couard. Mais juste pour retrouver sa vie d'antan. Cependant, jamais le jeune homme n'avait tenté de s'enfuir. Pourquoi ? Sans doute c'était-il adapté à cette nouvelle vie, depuis, sans vraiment le vouloir...

"Ca ne m'étonne pas.... Vu les environs, tenter de partir n'est pas vraiment une bonne idée..."

Essayer de s'enfuir n'avait pas dû séduire bien des gens. Cette ville était bien protéger, naturellement. Le jeune homme poussa un léger soupir. Il se demandait souvent ce qu'il avait bien pu faire, dans sa vie, pour mériter une telle chose. Il ressentait souvent sa présence ici comme une punition. Bah ouais, être en pleine guerre, alors qu'on n'était pas du pays, qu'on n'avait rien à défendre, c'était dur... Peter n'eut même pas le temps de réagir qu'il fut "projeter" contre le wagon, par Julia. Il arqua un sourcil. Que se passait-il ? Lançait-elle l'assaut ? Il comprit ensuite que des gens arrivaient. Vu qu'il ne reconnaissait pas les voix, ça n'était pas de ses amis. Etait-ce des alliés à Julia ? Le jeune homme préféra ne rien dire pour l'instant, car, visiblement, cette dernière ne tenait pas à ce qu'on les entende. Elle lui intima même le silence, en posant sa main sur sa bouche, qu'elle enleva, quelques secondes plus tard, quand elle semblait sûrre que tout était en ordre.

"Du moment que tu ne voulais pas me tuer, tout ira bien !"

Il sourit à son tour. La situation avait été des plus marrantes : la jeune femme avait prit soin de lui. Bon, OK, elle devait avoir de bonnes raisons, mais avouez quand même que c'était marrant.

"Au risque de paraître trop curieux : c'était qui ?"

Il arqua de nouveau les sourcils. Il était bien curieux de savoir qui la jeune femme avait voulu éviter, ainsi.

C'était compréhensible de vouloir s'en aller. Peter avait été parachuté dans ce monde où la guerre régnait, ainsi que la violence, le doute, les cris, les pleurs. Quand on venait d'un monde "normal", il pouvait être évident qu'il se sentirait désorienté. Mais qu'est-ce que c'était qu'un monde normal après tout ? Pour Julia, c'était celui-ci, à Nohrastiliân. Un monde de souffrances, de pertes, et de pouvoirs. Pouvoirs qu'elle n'avait jamais trouvés paradisiaques. Oh, bien sûr, elle avait trouvé tout cela très amusant lorsqu'elle était petite. L'idée d'avoir un don qui la différenciait des autres. Et il était toujours curieux de voir quelles étaient les autres facultés qui existaient dans cette ville, chez tous les autres. Julia avait parfois bien du mal à cacher son étonnement devant le pouvoir d'un ennemi. Mais à présent, pour certaines choses, elle en était presque blasée. Les morts partout, les pouvoirs à foison et les menaces sur son clan...Julia en avait l'habitude, ce ne serait pas la première fois, et à présent, elle en riait pour ne pas en pleurer. Étant une Gorgeône, elle avait vite appris à trouver tout cela "normal" et ne s'affectait plus de rien, à moins que cela ne touche l'un des Gorgeônes très proche d'elle, mas comme elle accordait peu sa confiance, ils ne se comptaient même pas sur les doigts d'une main.

Julia ne fit pas attention à ce que Peter lui avait répondu. Elle l'avait plaqué rapidement contre le wagon et avait attendu patiemment que les deux autres Gorgeônes passent sans les voir. Ça c'était passé très rapidement, ils devaient faire une simple ronde, ou alors ils rentraient déjà au Tube. Julia qui avait été prête à...à quoi ? Elle n'allait pas protéger un Tanissâr qu'elle ne connaissait pas contre les siens non ? Elle aurait dû se résoudre à le tuer s'ils les avaient aperçus. Elle ne se serait jamais retournée contre les siens, bien que ces deux-là étaient plutôt du genre à ne pas se faire apprécier, même dans leur propre clan. La remarque de Peter la ramena un peu à la réalité et elle esquissa un mince sourire.

Elle se détourna de Peter et regarda les alentours, l'oreille aux aguets, guettant le moindre bruit suspect qui annoncerait le retour des deux brutes. C'est alors qu'il lui demanda qui étaient ces gens. Si elle le lui disait, il penserait qu'elle doute de son clan, si elle lui mentait, de toute façon, il le saurait bien assez tôt. Que pouvait-elle bien lui dire ? Pourquoi pas la vérité ? Elle se retourna vers lui, puis prit un air amusé, pour dire d'une voix étrangement sérieuse :

- Des Gorgeônes. S'ils nous avaient vus, ils t'auraient tué, ou m'auraient dit de le faire, et auraient sans doute dit à notre chef que je sympathisais avec l'ennemi et j'aurais été punie.

Sa voix ne montrait aucun signe de tremblement, de peur ou même de simple appréhension. Julia ne redoutait pas ce qu'ils pourraient lui faire, bien qu'elle savait que les tortures des Gorgeônes étaient horribles. Elle était assez sûre d'elle pour être convaincue qu'ils ne se feraient pas prendre. Mais pourquoi prenait-elle soudain un tel risque ? Elle qui d'habitude n'hésitait pas à tuer quiconque était dans le clan adverse ? Peut-être pour la raison qu'elle avait énoncée, parce qu'elle n'avait simplement pas envie de se battre. Et pourquoi pas faire venir Peter dans leur clan ? Elle sentait qu'elle pouvait y arriver. S'il était sûr de ses convictions également, il l'aurait tuée depuis longtemps lui aussi. Il en était bien capable et elle le savait. Julia ajouta :

- J'imagine que ta copine aurait été triste si tu t'étais fait tué. Et je n'aimerais pas l'avoir sur mon dos, essayant de se venger. Elle a l'air un peu nunuche sur les bords, mais coriace.

Julia lui adressa un clin d'oeil amusé puis se remit à observer chaque recoin de la gare. Elle avait aperçu sa copine dans une vision et elle en avait déduit tout ce qu'elle venait de lui dire, même si elle ne savait rien d'elle. Mais Julia était comme ça, elle jugeait vite, d'ailleurs elle ne savait même pas s'ils étaient encore ensemble. Si sa copine était morte, elle aurait fait une très grosse bourde. Dans le cas contraire, elle espérait voir comment Peter réagirait au fait qu'elle dise des choses comme ça de sa copine. C'est pourquoi les lèvres de Julia s'étirèrent en un sourire amusé.

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